Grand froid

Le road-movie du mort-vivant

Un premier film signé Gérard Pautonnier, venu de la pub et de la télé, qui a mis les petits plats dans les grands avec son casting +++ et un scénario d’une rare originalité. C’est la rencontre avec le romancier Joël Egloff qui l’a poussé à se lancer dans l’aventure.  Dans une petite ville perdue au milieu de nulle part, le commerce de pompes funèbres d’Edmond Zweck bat de l’aile. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort pointe son nez. L’espoir renaît. Georges et Eddy sont chargés de mener le défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais, à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le voyage tourne au fiasco. 86 minutes d’un road-movie macabre et hilarant qui se transforme en parcours initiatique avec deux regards sur la vie et sur la mort qui s’opposent. A découvrir.

Le jour attendra

Mais qu’allait-il faire dans cette galère ?

Ma question fait allusion à l’immense acteur qu’est Jacques Gamblin. Un acteur qui sait se faire rare et choisir ses rôles. Mais là, qu’allait-il faire dans cette galère ??? Le thriller d’Edgar Marie (son premier film) est un remarquable loupé. Quand on pense qu’il dit s’être inspiré de John Cassavetes et de Sam Peckinpah ??? Milan et Victor se connaissent depuis toujours. Patrons de boites de nuits à Paris, ils ont depuis plusieurs années rompu tout contact. Mais le retour d’un dangereux psychopathe pour lequel, six ans plus tôt, Milan et Victor avaient accepté une mauvaise affaire qui l’avait envoyé en prison au Mexique, change la donne. S’il est revenu, c’est pour réclamer vengeance. Ils n’ont donc pas d’autre alternative que de se retrouver afin d’unir leur force pour lui échapper. Une nuit pour trouver des solutions. Durant ce périple nocturne, ils vont mesurer l’état de pourrissement de leur amitié. Entre leurs règlements de comptes et la mort qui les menace à chaque coin de rue, ils sont plus que jamais obligés de faire des choix qui intègrent leurs valeurs, leur famille et les trente ans d’amitié qui les unissent… Quel programme ! Et quel ennui ! Tout sonne faux, des dialogues pesants au scénario qui se veut complexe en passant par la mise en scène d’une prétention à la limite du ridicule. Chouette cocktail non ?

Paris à tout prix

France – Maroc : Egalité

Le tout premier long-métrage de Reem Kherici (elle a également signé le scénario) n’est pas un film entièrement autobiographique, mais il a toutefois été inspiré par le parcours de la réalisatrice : Maya, d’origine marocaine, vit à Paris depuis 20 ans. C’est une hit girl de la mode. En pleine ascension, elle s’apprête à décrocher son premier CDI de styliste dans la maison de haute couture pour laquelle elle travaille. Mais un simple contrôle de police, où l’on découvre que son permis de séjour est périmé, la renvoie en moins de 24 heures directement au Maroc. Retour auprès de ce pays et cette famille qu’elle voulait oublier. Choc des cultures, choc des préjugés, Maya va tout faire pour revenir en France. Vraiment tout. Quand l’avenir d’une parisienne trendy devient la galère d’une immigrée sans papier. Qu’on se rassure, il ne s’agit pas là du énième film sur l’immigration et sur l’intégration. Même si ces sujets brûlants sont sous-jacents, un choix délibéré a été fait et tenu, celui de la comédie de mœurs trépidante… et réussie. Car voilà une des heureuses surprises de cet été cinématographique un peu mollasson.

Frances Ha

Léger comme un pas de danse

Noah Baumbach (dont j’avais bien apprécié Les Berckman se séparent et surtout Greenberg), revient avec cette comédie dramatique atypique dont l’idée de scénario tien sur un timbre-poste : Frances, jeune New-Yorkaise, rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup… Et nous aussi, on ne danse pas, mais on en a envie, on s’amuse et on s’égare avec elle, mais avec un plaisir non dissimulé. Une petite perle de film foutraque et rafraîchissant.

Le dernier paysan préhistorien

Sur les traces d’une passion

Sophie Cattoire est tenace et sait ce qu’elle veut. Cinq années pour mener à bien son projet. Non pas cinq ans de tournage, mais dans ce lustre il faut compter le temps dévolu à « apprivoiser » l’ami Gilbert. Car le bougre ne se livre pas comme ça au premier venu et l’on doit vaincre son tempérament naturellement méfiant. Mais une fois la conquête achevée, c’est un véritable bonheur de descendre sur ses pas dans cette grotte magnifique qui est loin d’avoir livré tous ses secrets. Gilbert Pémendrant, agriculteur passionné de préhistoire et propriétaire d’une grotte ornée, restée à l’abri des regards des touristes, la grotte de Bernifal à Meyrals, en Dordogne. Outre l’intérêt de découvrir la vie actuelle d’un paysan d’hier, on s’attache très vite au personnage haut en couleurs de Gilbert, 78 ans, le pied aussi alerte que les idées. Mais au delà de l’anecdote, ce documentaire de 52 minutes posent une question fondamentale : A qui appartient le patrimoine de l’Humanité?

Le grand méchant loup

Les trois frères

Il était une fois trois frères qui vivaient heureux. Du moins le pensaient-ils. Un jour leur maman eut un accident. Alors ils se mirent à se questionner sur le sens de leur vie. Une grande vague de doutes pour ces quarantenaires versaillais sans histoire, qui suffit à leur faire entrouvrir la porte à l’inédit, à l’interdit, à l’aventure… au Grand Méchant Loup! De maison de paille en maison de bois, le loup aussi sexy soit-il délogera-t-il nos trois frères ? Et l’hôtel particulier en pierre de taille de l’aîné, est-il vraiment si solide ? Et si au bout du compte la vie d’adulte n’était pas complètement un conte pour enfant ? Vous avez évidemment compris à la lecture de mon titre et de ces quelques lignes qu’il s’agit des trois petits cochons, dans toute l’acception du terme, car de toute évidence, ils ne pensent qu’à « ça ». Démon de midi, la quarantaine qui vous travaille, les hormones qui s’affolent, bref les hommes sont libidineux et les femmes psychorigides. Mon résumé est un peu caricatural, mais, somme toute, pas tant que ça. Il s’agit là d’une comédie tendre sur le couple et son usure. Classique, me direz vous, certes, et ne cherchez aucune originalité dans ces 107 minutes de cinéma made in France. Rien de honteux dans cette production, rien de révolutionnaire non plus et pourtant…

Les Stagiaires

Googleitude!

Après The Social Network et JOBS, voici le troisième film qui s’intéresse à l’univers de la Silicon Valley et de la haute technologie. Ecrit par Vince Vaughn et réalisé par Shawn Levy, on pourrait le résumer à une longue page de pub pour Google et l’American Way of Life au XXI^ème siècle. Le réalisateur est un bon faiseur et il l’a prouvé avec ses Treize à la douzaine, La Nuit au musée, Crazy Night mais ça s’arrête là. S’il avait une once de génie, ça se saurait. Cette petite comédie en est la preuve. Billy et Nick, deux quarantenaires dont les carrières ont été pulvérisées par Internet, repartent à zéro en obtenant un stage chez Google, qui, peut-être, débouchera sur un job. En compétition avec des petits génies de l’informatique tout droit sortis de l’école, ils vont devoir prouver qu’ils ne sont pas des dinosaures… Pour ma part, je reste très partagé sur ce type de film. Comédie sympathique, certes, mais qui cache une énorme opération de promo.