Archives de Catégorie: Aventure

Monkey Man

Le vengeur masqué

J’aime bien l’acteur Dev PatelLion, Indian Palace, et surtout Slumdog Millionnaire –, j’étais assez curieux de découvrir à la fois son 1er scénario et sa 1ère réalisation – sachez qu’il a également produit ce film… le dossier de presse ne nous dit pas s’il a aussi fait la cuisine à la cantine du tournage… -. 120 minutes plus tard, je sors de la salle abasourdi par autant de violence et par la caméra hystérique qui suit le héros au plus près – c’est le mot juste -.  En Inde, un jeune homme sort de prison. Il se retrouve dans un monde où règne la cupidité des chefs d’entreprise et, à l’inverse, l’érosion des valeurs spirituelles. Classique histoire de vengeance qui aurait pu tirer son originalité de son contexte et de son cadre, hélas, je ne peux constater que ce n’est qu’un avatar indien des insupportables aventures de John Wick…  

Le film s’inspire de la légende de la divinité hindoue Hanuman, symbole de sagesse, de force, de courage, de dévotion et d’autodiscipline. Tel qu’il est décrit dans les épopées sanskrites du Mahabharata et du Ramayana, Hanuman le Dieu singe est le patron des lutteurs et apparaît comme un symbole de liberté. Physiquement invincible, mais profondément humain, il met en garde ses partisans contre la nature précaire d’un pouvoir débridé. En transposant cette légende dans l’Inde d’aujourd’hui, Patel introduit une dimension politique d’actualité car son héros devient une arme puissante et l’ange destructeur de la vengeance contre les dirigeants puissants et corrompus qui oppriment ceux-là mêmes qu’ils sont censés servir. Alors, résultat à l’écran, du sang, de la sueur, des larmes, des os brisés, des poursuites, pour ce film de vengeance basé sur la spiritualité et la foi… Cherchez l’erreur. Brutale, viscérale, hystérique, cette quête de justice pourrait fasciner si ce n’était filmé en permanence en gros plan – en très gros plan… en très très gros plan -, par une caméra à l’épaule surexcitée qui transforme ces deux heures en supplice. Côté décor, s’inspirant de Gotham, qui est la version obscure de New-York, Patel a créé une ville fictive, Yatana – qui signifie « vengeance » en hindi – comme le pendant obscur de Mumbaï. Vous le constatez, les symboles ne font pas forcément dans la légèreté tout comme l’ensemble du film. Dernier point qui m’a beaucoup gêné, aucune séance en VO dans le sud ouest ?? Ce qui fait qu’on a droit à un mélange improbable entre le français et… l’hindi pour les flash-backs… Ahurissant. Malgré mes réserves, cette histoire de vengeance d’une violence inouïe est beaucoup moins stupide et fade qu’un ixième avatar de John Wick.

Dev Patel ne quitte pas l’écran et réussit une performance physique hors-norme – sa ceinture noire de taekwondo l’a beaucoup aidé – sachant qu’il a assumé toutes les cascades. Il est entouré par Sikandar Kher, Pitobash, Sharlto Copley, Sobhita Dhulipala, Vipin Sharma, qui ne font pas dans la demie mesure, mais comme tout est outré dans ce récit initiatique souvent trop démonstratif mais d’une efficacité redoutable. Il faut retenir de cet énorme machin, l’engagement politique et la dénonciation des injustices de castes en Inde, des violences faites aux femmes ou aux hijras, une communauté indienne appartenant à ce qu’on appelle là-bas le  troisième genre, c’est-à-dire les transgenres. Mais que de violence pour donner corps à d’aussi nobles et saines ambitions !

Sound of freedom

Infiltración

Voilà un film qui est arrivé en France précédé d’une réputation pour le moins sulfureuse. C’est peut-être ça qui fait son succès auprès d’un public manipulé par une campagne de presse savamment orchestrée. Ce récit inspiré de faits réels raconte les hauts faits d’un fic américain aux méthodes plutôt originales. Malgré ça, ces 131 minutes ont fait un flop retentissant aux USA et ce malgré l’achat de salles entièrement vides par l’équipe de campagne de Donald Trump et Elon Musk – les chiffres du box office, qui annoncent 190 millions de dollars récoltés pour un budget de 15 millions, sont donc complètement pipés -. Pourquoi faire de la désinformation autour de ce nanar lambda ? Parce que, déjà à l’origine, certains parlaient de film complotiste. Suivez mon regard. En France, où ses théories ont moins de succès, on a parlé de censure et d’interdiction de sortie. Il n’en est rien. En vérité, aucune maison de distribution sérieuse n’a acheté les droits, jusqu’à ce que SajeDistribution ne le fasse. – C’est sûrement un hasard, mais ce distributeur appartient à Philippe de Villiers, un des chantres du complotisme béat dans notre pays -. Le film est donc projeté dans quelques salles en France généralement suivi d’un débat. Tous ces éléments posés, ce thriller basé sur l’incroyable histoire vraie d’un ancien agent fédéral américain qui se lance dans une opération de sauvetage au péril de sa vie, pour libérer des centaines d’enfants prisonniers de trafiquants sexuels, ne vaut pas tout ce tintamarre, même s’il est l’occasion de ‘sensibiliser à la réalité de la traite des enfants.

Le mexicain Alejandro Monteverde, – dont j’avais bien aimé son Little Boy de 2017 -, a convoqué tous les poncifs du genre dans un film dont la principale qualité reste l’excellente photographie. Certes, la traite des enfants n’est pas une question de droite ou de gauche. Il s’agit d’une question fondamentale de droits de l’homme, qui nous touche au plus profond, mais il est à remarquer que ces odieux trafics ont lieu au Mexique, au Honduras ou en Colombie… pas aux States. Et comble du comble, c’est un agent infiltré américain qui, au risque de sa carrière et de sa vie, va triompher des vils sud-américains. J’ai tout de même l’impression diffuse que le scénario a un tantinet tordu le cou à la réalité. On nous parle d’histoire vraie, j’ai eu beaucoup de mal à y croire. Quant aux personnages, plus caricatural, tu meurs ! Ce qui est réel par contre, c’est que le héros, le flic, Tim Ballard, est accusé par 7 femmes de comportements sexuels inappropriés. Il aurait engagé des femmes de son ONG pour certaines missions d’infiltration visant à secourir des victimes d’abus sexuels et demandé à ces dernières de se faire passer pour des épouses lors de différentes actions. Il aurait alors contraint ces femmes à partager son lit ou prendre une douche avec lui afin de tromper les trafiquants. Décidément, ce nanar est marqué du sceau de la polémique.  

Jim Caviezel, – on aurait pu imaginer Charles Bronson ou Liam Neeson dans le rôle de ce justicier bourrin -, ne fait pas dans la nuance et parvient à tenir plus de deux heures avec seulement deux expressions, soit il fait la gueule, soit il pleure, car les scènes de pathos abondent – il faut dire qu’avec des enfants martyrisés c’est facile et on ne s’en prive pas. Heureusement, il y a le formidable Bill Camp qui cabotine à fond avec une jouissance communicative. Je préfère ignorer les autres pour ne pas leur faire de tort. J’ajouterai avant de conclure que le réalisateur comme son interprète principal sont intimement liés à l’extrême-droite évangélique et complotiste, terreau de l’électorat trumpiste. Fuyez !

Les Trois Mousquetaires – Milady

Epique épopée de cape et d’épée

Le quatuor, Martin Bourboulon, Alexandre de la Patellière, Matthieu Delaporte et…. Alexandre Dumas, a encore frappé. On attendait ça depuis le début 8 mois. Ces 115 minutes tant espérées sont là. Alors ? Bravo ou déception ? Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France. Côté cinéma pur, c’est incontestablement brillant. Côté scénario… plus touffu tu meurs. Mais un film d’aventure de ce calibre, ça fait toujours plaisir.

Visiblement, chez les critiques institutionnels, il est de bon ton de faire la fine bouche sur le seul opus français digne des blockbusters américains. Oui, ça coûte très cher – 60 millions d’euros, mais le 1er volet a tout de même fait entrer 3,5 millions de spectateurs dans les salles -, oui c’est clinquant, tonitruant, très agité et loin du psychologique tant apprécié d’une certaine intelligentsia germanopratine, qui croit pouvoir dicter les règles du bon goût. Eh bien, messieurs-dames, moi j’ai passé un bon moment. Certes, on est loin de Dumas et on se demande bien pourquoi les scénaristes croient bon d’inventer des péripéties qui ne sont pas dans la trilogie d’origine… Croyez-moi, il y a déjà largement de quoi faire sans en rajouter… mais bon ! Passons ! Mais vouloir donner un rôle central à une femme dans cette histoire de mecs me paraît une excellente idée. En approfondissant la psychologie de Milady, on en a fait une héroïne hors norme qui dame le pion à tous ces messieurs. Le film revêt ainsi une dimension plus dramatique. Romanesque, noirceur, amitié virile, le tout sous-tendu par une trame politique pour le moins complexe, des combats, des scènes de guerre, des chevauchées, des cascades… et même de l’humour, une combinaison qui fait de ce film d’aventure un excellent moment de cinéma.   

Quand on réunit sur un même écran François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Lyna Khoudri, Louis Garrel, Eric Ruff, Marc Barbé, Vicky Krieps, Julien Frison, on a déjà un casting de folie, mais quand on lui ajoute le nom d’Eva Green, toute en charme vénéneux, on a le casting de l’année. Ils sont tous parfaits avec une palme pour l’ensorcelante interprète de Milady de Winter, l’espionne de Richelieu. Même si l’effet de surprise joue moins que lors du 1er volet, on attend avec impatience le n°3, le cliffhanger final ne laissant pas beaucoup planer le doute. On s’en réjouit.      

Soudain seuls

Pris au piège

A part son 1er film en 2015, Les Cow Boys, Thomas Bidegain fait surtout une brillante carrière comme scénariste avec des films comme Un prophète, De rouille et d’os, Dheepan, Les frères Sisters, La famille Bélier, Saint-Laurent, Le Fidèle, Stillwater… que du très bon ! Avec ces 110 minutes, il revient derrière la caméra. En couple depuis 5 ans, Ben et Laura ont décidé de faire le tour du monde en bateau. Avant d’atteindre l’Amérique du Sud, ils font un détour vers une île sauvage, près des côtes antarctiques. En pleine exploration, une tempête s’abat sur eux et leur bateau disparaît. Éloignés du monde, soudain seuls face au danger et à l’hiver qui approche, ils vont devoir lutter pour leur survie et celle de leur couple. Survival classique de chez classique mais très bien mené grâce à un suspense à couper… au pic à glace et deux interprètes en état de grâce.

Curieusement, Bidegain, lui, le créateur d’histoire, a ici, adapté le roman éponyme d’Isabelle Autissier, la célèbre navigatrice, devenue écrivaine. Il avait envie de raconter une histoire d’intimité, dans un lieu unique, avec un ou deux personnages. Banco ! On ne peut pas faire mieux quant aux critères. Originalité, c’est que l’on voit un couple déjà constitué, avec ses forces et ses faiblesses, tenter de survivre en milieu très hostile, car à l’inverse de beaucoup de films de ce genre, cet isolement forcé n’est pas l’occasion d’une rencontre entre deux personnes que tout oppose et qui, comme le dit Bidegain lui-même, s’embrassent à la fin du deuxième acte. Là, il n’y plus de filtre, plus d’échappatoire. Une situation de survie impose le mouvement. On n’oubliera pas le 3ème personnage : l’île, magnifique, sauvage puis hostile et peut-être mortelle. Techniquement, comme il était très difficile de tourner en Antarctique, le film s’est fait en Islande et sachez que tout ce que l’on voit à l’écran, a été construit pour les besoins du film. Pour moi, un gros bémol dans ce film, c’est la musique, de Raphaël Haroche, fort belle au demeurant, qui envahit tout, et, de ce fait, omniprésente, a le grand tort de nous cacher souvent les bruits de la nature. Et ce désagrément est criant dès le 1er plan : un voilier en pleine mer, le vent, les voiles qui claquent, les embruns, l’étrave qui casse les vagues… Bref plein d’éléments sonores dont la musique nous prive dès la 1ère seconde. Dommage !

A l’origine du projet, ce sont Vanessa Kirby et Jake Gyllenhaal qui devaient être de l’aventure et puis…voilà ! Je ne suis pas sûr qu’on ait perdu au change. Donc, ce sont Gilles Lellouche et Mélanie Thierry, dont on voit combien les éléments, le froid, le vent, la neige, la glace, ont marqué leurs visages durant ce tournage dont on nous dit qu’il a été très pénible physiquement, qui, tous les deux, jouent des partitions très justes et sensibles. Deux grands numéros d’acteurs. Un beau huis-clos à ciel ouvert qui fait froid dans le dos. Je sais que Bidegain a tourné deux fins différentes. Peut-être un jour connaîtrons-nous l’autre version ?

Hunger Games : la ballade du serpent et de l’oiseau chanteur

La fabrique d’un monstre

Francis Lawrence avait déjà réalisé les 4 premiers volets de cette saga, adaptée de l’œuvre de Suzanne Collins. Ce 5ème volet est donc un prequel et remonte aux sources de cette dystopie maintenant très célèbre et très suivie. Ces 158 minutes sont à la hauteur avec ce qu’il faut de suspense, d’action, de violence, de morceaux de bravoure, de sentiments pour le moins extrêmes et une grande qualité plastique. Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d’après-guerre. À l’approche des 10ème Hunger Games, il est assigné à contrecœur à être le mentor de Lucy Gray Baird, une tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem. Le charme de Lucy Gray ayant captivé le public, Snow y voit l’opportunité de changer son destin, et va s’allier à elle pour faire pencher le sort en leur faveur. Luttant contre ses instincts, déchiré entre le bien et le mal, Snow se lance dans une course contre la montre pour survivre et découvrir s’il deviendra finalement un oiseau chanteur ou un serpent. Pari gagné avec de nouveaux héros qui « accrochent » le public et pourraient bien remplacer rapidement leurs prédécesseurs dans cette saga dystopique qui ravira les fans… et pas mal d’autres.

L’intrigue se déroule 64 ans avant que Katniss Everdeen se porte volontaire comme Tribut, ce qui marque le début du 1er volet de 2012. Cette fois, le long-métrage s’intéresse aux origines de Coriolanus Snow, où, encore étudiant, il entame son périple qui le conduira à la présidence de Panem. Cet opus explore également un tournant dans la reconstruction de Panem, après la guerre, et la consolidation de son régime autoritaire. Ce film parle des conséquences de la guerre, en abordant des enjeux comme le syndrome de stress post-traumatique, la propagande, la perte d’êtres chers et la disparition d’un certain mode de vie… Le tour de force du scénario est de rendre l’invraisemblable, sinon crédible, au moins cohérent et de nous prendre au jeu. Les personnages sont complexes et animés de sentiments multiples voire contradictoires, la mise en scène stupéfiante – tout comme les effets spéciaux -, le tout ponctué de numéraux musicaux bienvenus donnant à l’histoire des faux airs de Roméo et Juliette dystopique. Qui plus est, ce prequel assume sa dimension sociale et politique, tout en nous parlant de la montée du fascisme, et en s’interrogeant sur nos instincts primaires. Beaucoup plus intelligent que la grosse majorité des films pour ados, tout en restant un grand spectacle.

Tom Blith est une découverte qui vaut le détour et qui forme un couple parfait avec  la magnifique Rachel Zegler qui, après avoir été la Maria de Spielberg dans son extraordinaire West Side Story et avant de devenir la nouvelle Blanche Neige en 2025, explose littéralement dans ce film par son abattage, sa présence et sa qualité de chanteuse. Voilà vraiment une actrice à suivre.  Mais il faut aussi noter dans la distribution pléthorique, les numéros de Viola Davis, Peter Dinklage, le cabotinage réjouissant de Jason Schwartzman, ou encore Hunter Schafer et Josh Andrès Rivera. Bien sûr, on ne saurait passer sous silence – c’est bien la formule adaptée -, la musique symphonique de James Howard, un des meilleurs compositeurs attitrés de ces fresques et autres sagas, puisqu’il a déjà à son actif les partitions des quatre Hunger games précédents, Jason Bourne, des films de Night Shyamalan, Batman, Les Animaux fantastiques… faut dire qu’il hante les plateaux depuis 1986 et, qu’à 72 ans, il a toujours bon pied, bonne oreille. Bref, on ne s’ennuie pas et ce film remplit tous les critères de ce qu’on peut attendre quand on va au cinéma voir ce genre de films.  

3 jours max

Trop c’est trop

Suite de 30 jours max, le nouveau film de Tarek Boudali va sans doute précéder 3 heures max… – puis 3 minutes ou 3 secondes max… des courts métrages assurément -, quand on tient un bon filon, on l’exploite jusqu’à épuisement… du spectateur. C’est déjà le cas pour ces 87 minutes de nanar ni fait ni à faire. Rayane, policier maladroit, héroïque malgré lui dans 30 jours max, se trouve cette fois confronté à une situation des plus rocambolesques. Sa grand-mère a été kidnappée par un cartel mexicain, et il a 3 jours max pour la libérer. Aux côtés de ses fidèles collègues, il va vivre des aventures extrêmes entre Paris, Abu Dhabi et le Mexique. Je ne battrai pas ma coulpe pour autant même, si en allant voir ce genre de production, je connais pertinemment le risque de voir pire que pire. La bande à Fifi est en train visiblement de s’essouffler et son humour régressif fonctionne de moins en moins, faute d’idées et de renouvèlement. L’explosion des budgets n’y fait rien… c’est navrant.

Bien sûr, c’est une comédie parodique, alors les clins d’œil plus qu’appuyés aux références du genre Indiana Jones, Mission Impossible, Taken, Rambo ou James Bond peuvent faire sourire, – même si la plupart du temps ils font flop ! -, on passe sur les invraisemblances qui sont un des moteurs du scénario, – 3 jours pour aller de France à Abu Dhabi puis au Mexique, c’est tout de même faire fi des fuseaux horaires -, et le puriste que je suis fera gentiment remarquer qu’on ne joue pas de didjeridoo en Amérique centrale… non, tout cela c’est du détail, le problème ici, c’est qu’on entend aucun rire dans la salle, pourtant copieusement garnie – plus de 700 000 pigeons en une semaine d’exploitation -, essentiellement d’un public jeune, – d’où une abondante consommation de pop-corn -. Pour une comédie déjantée reconnaissez que ça fait désordre. Donc, passez votre chemin, tout en craignant que Boudali ne trouve des crédits pour faire une suite, comme il semble l’insinuer à la toute fin de ce machin.

Côté casting, on prend les mêmes et on recommence avec Tarek Boudali, évidemment Philippe Lacheau, Julien Arruti. Vanessa Guide et puis une flopée de guests stars qui en font des tonnes avec José Gracia, Marie-Anne Chazel, Rossy de Palma, Elodie Fontan, Chantal Ladesou, Michèle Laroque, Franck Gastambide, Nicolas Marié, Philippe Duquesne, Je ne sais pas si tout ce petit monde s’est amusé à tourner ce pastiche de film d’aventure, en tout cas, côté public, la réponse est négative.

The Creator

Science sans conscience…

Après deux premiers films pitoyables, Gareth Edwards (V) avait réalisé l’épatant Rogue One : A Star Wars Story.  7 ans après, le revoilà avec ces 133 minutes à très gros budget manichéennes à souhait mais dont il faut reconnaître que ça fonctionne très bien. Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut. Supposant que celle-ci est décédée, il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain, craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle livre à l’Occident. Sentant son utilisation proche, elle souhaite qu’il la trouve et la détruise. Lorsque la colonelle Jean Howell apprend à Joshua que Maya est peut-être en vie et qu’elle se trouverait dans la zone de combat, celui-ci trouve soudainement un nouvel enjeu dans cette mission qu’il avait tout d’abord accepté à contrecoeur. De la dystopie dans l’air du temps qu’on peut se contenter de prendre au 1er degré mais qui dont le sujet ne peut laisser totalement indifférent. Solide, efficace, mais pour amateur du genre.  

Dans un futur proche, humains et intelligence artificielle (IA) se livrent une guerre sans merci. Bon soyons clairs, ici, les humains sont américains, et les méchants IA ont la peau jaune et les yeux bridés… Suivez mon regard. Heureusement, le postulat ne restera pas aussi simpliste jusqu’au bout du film. Je me suis bien gardé de vous retranscrire l’intégralité du pitch proposé par les distributeurs qui vous divulgâche allègrement le cœur de l’intrigue. C’est donc du grand spectacle qui lorgne sans vergogne vers les univers de Star Wars et Blade Runner. Vous me direz, dans le genre, il y a pire comme inspiration. Les effets spéciaux sont superbes, le montage virtuose et la musique d’Hans Zimmer toujours aussi symphonique que belle. Donc du grand spectacle réussi, – paysages d’Indonésie, du Viet-Nam, du Népal, du Cambodge, de Thaïlande -, qui ne tranche pas directement dans le débat sur les IA. Mais, une question cruciale est tout de même posée : quand l’IA atteindra la conscience, la débrancher sera-t-il considéré comme un acte de maintenance ou comme un meurtre ? … Vous avez 4 heures !

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur cet énorme machin de SF, mais qui reste un des plus réussis qu’on ait vu depuis longtemps. Certes le scénario est fuligineux à souhait et on s’y perd rapidement, mais on se laisse séduire par les personnages centraux très solidement interprétés par l’impeccable John David Washington et la petite Madeleine Yuna Voyles, – une véritable découverte -, tout comme Gemma Chan, Ken Watanabe, Sturgill Simpson, Allison Janney. Sublimé par son esthétique cyberpunk, ce film de science-pas-si-fiction-que-ça, est au cœur de préoccupations très actuelles puisqu’à l’heure où l’IA met la création artistique et la propriété intellectuelle au défi. Qu’on aime ou pas, tout ça plane à des encâblures au-dessus du tout-venant hollywoodien.  

Hypnotic

Prise de tête sans mal de crâne

Robert Rodriguez est un des bons « faiseurs » d’Hollywood, spécialiste des films d’action souvent tourné vers un avenir pas forcément très radieux. Pour moi, son meilleur date de 2019 avec Alita, Battel Angel… dont on attend toujours le 2ème volet. Mais, cette fois, le moins qu’on puisse dire c’est que ces 90 minutes m’ont beaucoup déçu. Déterminé à retrouver sa fille, le détective Danny Rourke enquête sur une série de braquages qui pourraient être liés à sa disparition. Mais les criminels qu’il poursuit sont bien plus machiavéliques qu’il ne l’imaginait : ils hypnotisent des innocents pour qu’ils commettent des crimes contre leur volonté. Personne ne semble à l’abri. Pour les déjouer, Rourke va devoir se méfier de tout le monde… Bien fait, mais un scénario alambiqué à la limite du compréhensible… Pas du tout hypnotisé le Jipéhel !

Ce qui est sûr, c’est que depuis sa sortie américaine suivie de l’Europe, le film va avoir beaucoup de mal à rentabiliser ses 70 millions de dollars de budget. Il en est même très loin, car c’est quasiment un flop. Malgré des qualités de mise en scène indéniables, un vrai savoir faire, des effets spéciaux réussis, l’histoire est fumeuse à souhait. De twist en rebondissement, de coup de théâtre en surprises scénaristiques frisant parfois le ridicule, on n’y comprend plus rien. Je sais qu’on nous dit sans cesse durant le film : « Ne croyez pas ce vous voyez, ce n’est pas la réalité ». Très juste, la seule réalité c’est que j’ai perdu mon temps et mon argent à essayer de m’y retrouver. Quand on pense que Rodriguez nous dit avoir été inspiré par l’inimitable Sueurs Froides du non moins inimitable Hitchcock, on tombe de haut. Bon, en résumé, si on ne prend pas trop au sérieux le postulat de départ, on peut parler de nanar sympathique, même si tout ce bazar a coûté une petite fortune. A l’heure où l’on s’interroge sur la vérité des images et la future hégémonie de l’intelligence artificielle, on peut regretter que ce film ne soit pas plus fouillé et se contente de perdre les spectateurs en route en passant à côté d’une des problématiques du moment.

Ben Affleck, mâchoire serrée, l’œil mouillé façon cocker ne quitte pas l’écran et fait la gueule de bout en bout… Lui aussi il n’a rien compris au scénario et voit la cata se profiler. A ses côtés la jolie Alice Braga apporte un peu de chaleur à l’ensemble. Citons encore JD Pardo, Hala Finley, William Fichtner, le grand méchant… quoique. Rodriguez n’est ni le Nolan d’Inception, ni le Verhoeven de Total Recall, ça se saurait. Et pourtant, visiblement la production n’en a pas fini avec ce délire futuriste et fuligineux, puisque, durant le générique de fin, on nous promet un Hypnotic-le retour de la revanche-II. Ce sera sans moi.     

Mission impossible : Dead Reckoning, partie 1

Quand la cascade est élevée au rang de chef d’œuvre

Christopher McQuarrie – qui, à 55 ans, n’a réalisé que peu de films – est un spécialiste des films d’actions, mais est également devenu le scénariste et le réalisateur attitré de Tom Cruise – déjà 8 collaborations entre les deux hommes. Ces 163 minutes ne constitue pas la moindre de leurs réussites communes. Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission – pas même la vie de ceux qu’il aime. A l’instar du dernier Indiana Jones, on ne peut que tirer son chapeau… c’est du CINEMA !

Oui, du cinéma et rien d’autre. Ne pas trop chercher du second degré, ou un quelconque engagement politique, c’est de l’action et du spectacle purs. Honnêtement, on ne voit pas passer ces 2 heures ¾. Et de sept donc pour la franchise des Mission Impossible. Le rythme est toujours haletant, les cascades ébouriffantes, l’histoire truffée d’agents doubles, triples… voire quadruples, à la limite du compréhensible – et d’un niveau d’invraisemblance rarement atteint -, mais on s’en fout complètement. Les poursuites se succèdent à un train d’enfer – c’est le cas de le dire pour la séquence finale -, les scènes de bagarre relèvent de la chorégraphie, et le héros ajoute le parachutisme à son palmarès avec en prime pour Cruise, 15 mois de préparation et 536 sauts d’entraînement… Une paille ! On ajoute à ça un tournage – très perturbé par le Covid – à Rome, Venise, Londres, Abu Dhabi et la Norvège… on comprend mieux où sont passés les 300 millions de budget. Mais quand on sait que le dernier volet Fallout de 2018 a rapporté 787 millions de dollars, on se dit que c’est de l’argent bien placé. On peut traduire le titre par « navigation à l’estime ». En fin de compte pas tellement quand on voit les chiffres de fréquentations de ce début de semaine de sortie. Beaucoup de chiffres, vous me direz, certes, mais ce genre de blockbuster – qui, à l’inverse de ses concurrents de l’époque, évite de multiplier les effets spéciaux -, est aussi fait de tout ça, ce qui ne retire rien à la qualité réelle du produit… le public aussi en a pour son argent.

Comme toujours dans cette franchise, autour de l’insubmersible Tom Cruise, qui continue de film en film, à tisser son personnage de héros à l’ancienne plongé dans un monde moderne qu’il combat, on a réuni un casting de haut vol. avec Hayley Atwell, Ving Rames, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Vanessa Kirby, Pom Klementieff et bien sûr Esai Morales, le nouveau « méchant » de la saga, qui hante les plateaux des séries télé depuis 1984. Que du très bon pour un film au savoir faire imparable, pour un super-spectacle qui explique pourquoi cette saga écrase régulièrement la concurrence depuis près de 30 ans. Jamais à court d’idées, totalement jubilatoire, irrésistible au point qu’on se demande comment on va pouvoir patienter pendant un an pour connaître la suite avec la 2ème partie déjà tournée. Suspense !

Indiana Jones et le cadran de la destinée

Jouissif

Pour ce 5ème et dernier volet de la saga qu’il avait initiée en 1981… quasiment 40 ans, et après un calamiteux Crâne de Cristal en 2008, Spielberg passe la main à James Mangold, un spécialiste des films d’action, Logan, Night and day, Le Mans 66… 154 minutes de haute volée dignes du maître es films d’aventures, Spielberg himself. 1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l’estimé docteur Jones, professeur d’archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles. Tout bascule après la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, qui est à la recherche d’un artefact rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le fameux cadran d’Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. En arnaqueuse accomplie, Helena vole l’objet et quitte précipitamment le pays afin de le vendre au plus offrant. Indy n’a d’autre choix que de se lancer à sa poursuite. Il ressort son fedora et son blouson de cuir pour une dernière virée… Un rythme endiablé, un humour de chaque instant et une caméra aussi survitaminée que le scénario, pour un blockbuster à l’ancienne qui se passe volontiers de super-héros masqué en collant moule-bite et cape volant au vent de tribulations à la limite du compréhensible pour le spectateur moyen que je suis. Un immense n’importe quoi purement jouissif… On en redemande.  

Comme pour tous les événements importants, on se souvient de l‘endroit où l’on était et ce qu’on y faisait. Chacun d’entre a encore présent à l’esprit le jour où l’homme a marché sur la lune et cette nuit du 21 juillet 1969, ou encore du 9 novembre 1989, date de la chute du mur de Berlin et quelques autres. Il en est de même pour moi, quand un jour de septembre 1981, je suis allé voir avec un pote, parfaitement au hasard – à cette époque, les films ne sortaient pas précédés de campagnes de pub comme on en connaît aujourd’hui -, dans un cinéma des grands boulevards, au métro Rue-Montmartre, – salle depuis lors disparue au profit d’un magasin de jouets – un certain Les aventuriers de l’arche perdue. Certes, déjà accro au cinoche j’avais déjà vu Duel, Sugarland Express, Les Dents de la Mer, Rencontre du 3ème type et 1941… tout Spielberg qui faisait déjà partie de mon Panthéon de réalisateurs. Mais quel choc que ce film d’aventures d’un genre nouveau, épique, souvent drôle et porté par Harrison Ford, le Hans Solo de la saga Star Wars. Oui, inoubliable. Alors que dire de ce retour aux sources sinon que c’est un régal et des trouvailles XXL, je n’en dirai pas plus. Allez les découvrir sur grand écran avec toute la famille, avec vos amis – es -, et même vos ennemis- es. A consommer sans modération.    

Harrison Ford, égal à lui-même, porte hardiment ses 80 balais et joue délicieusement avec son âge. Il forme un duo détonant avec la quasi inconnue Phoebe Waller-Bridge, Sa prestation a été tellement appréciée qu’alors que l’on sait qu’il n’y aura plus d’aventures d’Indiana Jones et qu’il range ici à jamais son fédora, son blouson et son fouet, les producteurs – en l’occurrence Georges Lucas et Spielberg… sacré duo !-, envisagent déjà un spin-off avec elle en tête d’affiche. Ce genre de film tient beaucoup à la qualité du « méchant », et là, on est gâtés avec l’excellent Mads Mikkelsen. Que du très bon si on ajoute à ce trio gagnant Antonio Banderas, Toby Jones, John Rhys-Davies et le jeune français Ethann Isidore, dans cet excellent moment de cinéma de pure aventure avec son cocktail d’humour, de fantaisie, d’action, de mélancolie et cette manière inimitable de nous faire presque croire à l’invraisemblable. Le divertissement à son sommet.