Archives de Tag: Déc 17

It must be heaven

Comme dans un rêve

Quand on est palestinien comme Elia Suleiman, il n’est pas aisé de financer un film… la preuve, cet OVNI cinématographique, couronné d’une mention spéciale – et « spéciale » est effectivement le mot adéquat -, par le jury de cette année à Cannes, a demandé des fonds français, qatariens, allemands, canadiens, turcs et palestiniens… c’est vous dire ! ES fuit la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, avant de réaliser que son pays d’origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d’une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l’absurde. Aussi loin qu’il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie. Un conte burlesque explorant l’identité, la nationalité et l’appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir  » chez soi  » ? En tout cas, il aurait été dommage de nous priver de cette pépite d’humour et de poésie à ne rater sous aucun prétexte quand on aime le Cinéma avec un grand C. Lire la suite

2017 : l’année folle

Bilan en trompe l’œil

A l’heure des vœux pour 2018, jetons un bref regard derrière nous pour constater que notre beau pays de France a traversé une des années les plus folles de son histoire, pourtant déjà fertiles en bouleversements de toutes sortes. Quand on y songe qu’il y a un an jour pour jour – c’est-à-dire hier -, le Grand Prix de l’Elysée battait son plein, mais les commentateurs toujours avisés, nous annonçaient à grands renforts de démonstrations ô combien étayées par leur science encyclopédique de la chose politique que les jeux étaient faits. Fillon serait président, le chevalier blanc des « Ripoublicains » – qui vont bientôt ne jamais aussi bien mériter ce sobriquet – avait balayé la concurrence : exit Sarko et Juppé, la voie était libre. D’aucun savait que la Marine et ses p’tits gars, à un moment ou un autre, ne feraient pas le poids. On attendait sans passion la primaire socialiste, sans François II le Démissionnaire, qui avait changé de position – excusez moi, je n’ai pas pu m’en empêcher – un mois avant. Mélenronchon était encore sympathique à beaucoup d’électeurs potentiels et sa campagne de longue haleine semblait offrir quelques promesses. Et Macron dans tout cela ? Eh bien, contre toute évidence, les analystes politiques continuaient de faire la fine bouche, de clamer haut et fort que la bulle macroniste allait exploser, et que même si ce n’était pas le cas, il n’avait pas de programme, il n’aurait jamais ni parti pour le soutenir, ni adhérents pour mener sa campagne, ni ralliements fracassants… et que même si ce n’était pas le cas, il n’aurait jamais de majorité pour gouverner,… on sait maintenant ce qu’il est advenu de toutes ces belles prédictions.

Je vous fiche mon billet que 2018 n’a pas fini non plus de nous surprendre. Toutenmacron est installé solidement au sommet de sa pyramide. Il contemple le bon peuple, qui, saoulé de coups, n’a même plus la force râler. Certains prédisaient la révolte, on a au mieux de la résignation, au pire de l’abattement. Tout ça pour ça. Mais ne nous y trompons pas, l’année qui s’ouvre est cruciale et, soyez en sûrs, les crayons de Emef sont aiguisés et la plume de Jipéhel plus affutée que jamais. A bientôt pour de nouvelles aventures.

Lucky

Bain de… jouvence

Encore un acteur qui, à 54 ans, passe pour la première fois derrière la caméra, il s’appelle John Carroll Lynch qui a écrit cette comédie mélancolique pour son interprète principal, une sorte de lettre d’amour pour l’acteur et pour l’homme selon lui. 88 minutes de tendresse pure. Lucky est un vieux cow-boy solitaire. Il fume, fait des mots croisés et déambule dans une petite ville perdue au milieu du désert. Il passe ses journées à refaire le monde avec les habitants du coin. Il se rebelle contre tout et surtout contre le temps qui passe. Ses 90 ans passés l’entraînent dans une véritable quête spirituelle et poétique. Une réflexion unique à la fois optimiste et désabusée sur le sens de la vie… et de la mort. Un bijou ! Lire la suite

Mariana

Leçon de ténèbres pas très claire

Mariana, une quadragénaire issue de la haute bourgeoisie chilienne s’efforce d’échapper au rôle que son père, puis son mari, ont toujours défini pour elle. Elle éprouve une étrange attirance pour Juan, son professeur d’équitation de 60 ans, ex-colonel suspecté d’exactions pendant la dictature. Mais cette liaison ébranle les murs invisibles qui protègent sa famille du passé. Jusqu’où Mariana, curieuse, insolente et imprévisible sera-t-elle capable d’aller ? A la lecture de ce pitch, on se dit : tension + arrière plan politique + portrait de femme forte, on est parti pour un bon film. Hélas, il ne se passe quasiment rien durant les 94 minutes réalisées par Marcela Said. Un ennui profond et distingué suinte en permanence de ce drame. Une grosse déception pour un film primé à Biarritz et remarqué dans de nombreux autres festivals.   Lire la suite

Star Wars 8 : les derniers Jedi

Des étoiles plein les yeux 

Avertissement : pour parler des 152 minutes écrites et réalisées avec maestria par Rian Johnson, je me placerai, sagement du côté du cinéphile et éviterai, avec toute la sagesse qui me caractérise, d’entrer dans la polémique des fans de la saga Star Wars – et ici, quand on parle de fan, c’est vraiment de fanatiques dont il s’agit -. Les héros du « Réveil de la force » rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé… Donc, pour le modeste chroniqueur qui vous écrit – admirez ma prudence, c’est qu’il ne faudrait pas se choper un coup de sabre-laser au détour du chemin qui balance sans cesse entre Force et Ténèbres -, ce 8ème film de la saga – je ne compte pas les quelques épisodes parallèles venus enrichir le récit… et accessoirement la Walt Disney Company -, est un des tout meilleur. Riche, tourné vers l’action pure, techniquement somptueux, et surtout quasi compréhensible de bout en bout par le pauvre néophyte que je suis. Lire la suite

La 2ème étoile

Quel gadin !

On ne résiste pas à l’appât du gain. Quand on a fait un gros succès sur les écrans, – 1 600 000 spectateurs – on se dit qu’on pourrait tenter le coup d’un N°2 ! N’est-ce pas Lucien Jean-Baptiste ? Et donc après la première étoile, voici le volume 2 intitulé finement La 2ème étoile !!! Mais où vont-ils chercher tout ça ? Jean-Gabriel a décidé d’emmener toute sa petite famille passer les fêtes à la montagne pour Noël. Et cette fois, tout devrait bien se passer. C’est sans compter sur sa mère qui débarque des Antilles, ses enfants qui n’ont pas envie de partir, Jojo qui lui confie son Hummer et sa femme qui lui annonce qu’elle doit s’occuper de son père qu’elle n’a pas revu depuis qu’elle a fait le choix d’épouser Jean-Gabriel. Mais pour Jean-Gabriel, la famille c’est sacré et Noël aussi ! 95 minutes non seulement inutiles mais particulièrement laborieuses. Lire la suite

Le Crime de l’Orient-Express

Somptueusement inutile

Kenneth Branagh devant et derrière la caméra, une adaptation de LA valeur sûre du polar, Agatha Christie, une technique de haute volée et un casting ahurissant… on se dit, « en avant pour le chef d’œuvre » ! Eh bien non ! Abondance de biens peut parfois nuire. Le luxe et le calme d’un voyage en Orient Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les 13 passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau. D’après le célèbre roman d’Agatha Christie. Ces 110 minutes souffrent de n’être qu’un remake de Sydney Lumet, et puis un polar dont on connaît la fin, c’est forcément décevant. Alors c’est très beau mais sans surprise. J’attendais sans doute trop de cette nouvelle mouture des aventures d’Hercule Poirot, et ma déception est à la hauteur de mes attentes. Lire la suite

Seule la terre

Broadback campaign 

On ne sait pas grand-chose sur le parcours du britannique Francis Lee et ces 104 minutes constituent son premier film. Mais pour un coup d’essai, c’est un coup de maître salué par 2 prix au festival de Saint-Jean de Luz, un autre à Dinard et le prix de la mise en scène à Sundance. Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes, qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais. Carton plein pour ce drame fort et bouleversant avec un scénario original, une réalisation sans faute et une interprétation formidable. Charge émotionnelle garantie ! Lire la suite

Makala

Sisyphe et son charbon

Ce docu-fiction réalisé par le français Emmanuel Gras a obtenu le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes. Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves. 96 minutes prenantes, étourdissantes soutenues par la belle musique de Gaspard Claus, qui décrivent admirablement la solitude humaine du porteur de charbon incarné avec force par un jeune congolais qui se sublime dans l’effort et nous fit partager la beauté de ce que l’on peut considérer comme une mission. Un voyage initiatique étonnant et bouleversant à découvrir rapidement, car je doute fort que sa présence sur les écrans résiste longtemps encore au raz de marée des films de la période des fêtes.    Lire la suite

Paddington 2

Un régal au goût de miel

Et revoici Noël et son cortège de films pour enfants. Vous connaissez mon peu de passion pour les films d’animation, mais, j’ai un petit faible pour les aventures de l’ours Paddington, qui savent mêler la prouesse technique et le jeu des acteurs. Pour le tome 2 des aventures du plus célèbre des oursons, comme en 2104, on retrouve le britannique Paul King aux commandes. Paddington coule des jours heureux chez les Brown, sa famille d’adoption, dans un quartier paisible de Londres, où il est apprécié de tous. Alors qu’il recherche un cadeau exceptionnel pour les cent ans de sa tante adorée, il repère un magnifique livre animé, très ancien, chez un antiquaire. Pas de temps à perdre : il enchaîne les petits boulots pour pouvoir l’acheter ! Mais lorsque le précieux ouvrage est volé, Paddington est accusé à tort et incarcéré. Convaincus de son innocence, les Brown se lancent dans une enquête pour retrouver le coupable… 103 minutes dégoulinantes de bons sentiments mais techniquement irréprochables et portées par des acteurs déchaînés. Un film franco-britannique qui n’a rien à envier à ses cousins d’outre-Atlantique. Lire la suite