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Comme sur un fil tendu.

Si les politiciens étaient des funambules, il y aurait une forte mortalité dans la profession.

De toutes parts, on nous prépare à une rentrée difficile, à un automne chaud, à un troisième tour social… ou je ne sais quels clichés habituels qui viennent illustrer le retour aux affaires de nos chers politiciens. Il faut quand même avouer qu’il y a bien longtemps que la situation n’a pas été aussi critique pour le pouvoir en place. Pour nous faire patienter avant la réouverture du palais Bourbon, – au demeurant repoussée pour des raisons obscures au 3 octobre -,  la polémique autour des barbecues fait rage… on avance, on avance.

Sœur Sourire, notre funambule étoile, s’entraîne désormais à marcher à petit pas au dessus de la fosse aux lions sous les regards gourmands des LFI qui ne souhaitent qu’une chose, la faire tomber, des Verts qui veulent accélérer la transition écologique – ceux en quoi ils ont parfaitement raison -, des Socialistes qui ne savent plus vraiment où ils habitent, des 89 croque-morts du RN et des LR qui ne savent plus en fin de compte si ils sont dans l’opposition – mais pas avec les autres forces d’opposition -, ou alors, ce qu’on voyait poindre depuis le début, une force d’appoint de la majorité qui, elle, fait profil bas en attendant des jours meilleurs… un vœux pieux. Il y aura sans doute plus de perdants que de gagnants. Quant aux Français…

Aqua bon ?

La justice immanente est rarement imminente. (P. Dac)

Je l’avais déjà écrit il y a peu, certains illuminés jusque-boutistes – cocktail explosif s’il en est –, ont décidé de passer à l’action en s’en prenant aux « gâcheurs » d’eau. S’en prendre aux jacuzzis ou piscines privées, saboter les golfs, saccager des réservoirs d’eau, vont-ils redonner un peu du précieux liquide à ceux qui en manquent ? Evidemment non ! C’est même contre-productif et donne raison à certains – et ils sont nombreux – à penser que l’écologie ne peut-être que punitive. S’achemine-t-on vers une véritable guerre de l’eau ? Que l’on tente de sensibiliser les consciences à propos des aberrations écologiques, reste en soi un objectif plus que louable et ne peut être qu’encouragé. Là, où l’on peut discuter, c’est sur les moyens utilisés. Les abus doivent être sanctionnés, et même lourdement, mais l’utilisation de la manière forte – et trop souvent aveugle – s’avère d’une rare stupidité. Un seul exemple : les golfs sabotés ont été réparés dès le lendemain et encore plus arrosés qu’avant le passage des activistes. Ne sous-estimez jamais le pouvoir de la stupidité humaine. (R. Heinlein)

Rumba la vie

Sur le fil de l’émotion

C’est bien en homme à tout faire, – scénariste, réalisateur, acteur -, que Franck Dubosc se révèle le meilleur. Son 1er film sous la triple casquette Tout le monde debout, avait déjà été une bonne surprise. Rebelote avec ces 103 minutes de comédie dramatique. Tony, la cinquantaine, chauffeur d’autobus scolaire renfermé sur lui-même, vit seul après avoir abandonné femme et enfant vingt ans plus tôt. Bousculé par un malaise cardiaque, il trouve le courage nécessaire pour affronter son passé et s’inscrire incognito dans le cours de danse dirigé par sa fille, qu’il n’a jamais connue, dans le but de la (re)conquérir et de donner un sens à sa vie. Une réussite drôle, touchante, bourrée de tendresse.

On pouvait craindre que le scénario n’aborde le milieu de la danse de salon avec cette petite distance un peu moqueuse. Or, il n’en est rien. On nous montre un art très esthétique, loin des clichés, mais qui, ici, ne sert que de toile de fond à une relation père-fille pour moins complexe. D’ailleurs, Dubosc a visiblement évité de trop danser… les cadrages et le montage faisant illusion. L’ensemble est bien écrit, – sans les « dubosqueries » habituelles -, joliment réalisé et surtout impeccablement interprété. Entre rires et larmes, Dubosc ouvre son cœur d’homme et de père avec beaucoup de sincérité. A voir sans crainte.    

Franck Dubosc est de tous les plans et s’en sort à merveille en jouant les pères repentants avec une infinie sobriété. La jeune et très jolie Louna Espinosa est une véritable découverte. Jean-Pierre Daroussin, Marie Philomène Nga, Catherine Jacob, Michel Houellebecq, – dont le numéro de médecin cynique et blasé est irrésistible -, complètent un casting parfait. Dubosc remporte la mise par la sincérité absolue de son écriture et sa capacité à éviter toute mièvrerie. Avec cette comédie douce-amère, Dubosc est sur de bons rails pour nous offrir encore quelques jolis moments de cinéma. Ce n’est par révolutionnaire, ce n’est pas un chef d’œuvre, mais tout simplement un bon film français… et par les temps qui courent ce n’est pas si fréquent.

Solution extrême

On y pense…

Michel Terestchenko, l’ancien maire franco-ukrainien de la ville moyenne de Hlukhiv dans l’est du pays – je vous laisse libre de votre prononciation -,  a une vision très personnelle de l’issue du conflit provoqué par les Russes. Voilà 6 mois que cette guerre imbécile – mais, en est-il des intelligentes ? -, a commencé. A l’heure où les opérations militaires, concentrées dans l’est et le sud du pays, s’enlisent, il livre sa vision de la situation, le moral des troupes, celui des habitants, le risque nucléaire et… l’issue possible de la guerre. Pour lui, l’Ukraine tiendra bon. Son analyse est simple : Le front va se stabiliser, ça se joue sur un à deux km de chaque côté. On s’attend à un hiver très difficile, avec une crise sociale, humanitaire et économique. Les Russes veulent faire en sorte que l’Ukraine soit dans un état abominable et que les Européens ne soient plus en mesure de l’aider. Aujourd’hui, ce sont les Russes qui veulent un cessez-le-feu, ils ont perdu 80.000 hommes contre 9.000 chez nous. Et là, on en arrive à entendre dire tout haut ce que beaucoup d’observateurs pensent tout bas : la guerre sera finie seulement quand Vladimir Poutine sortira de son bureau les pieds devant. Tant qu’il a une capacité de nuire, il n’arrêtera pas, tant qu’il sera vivant, il y aura la guerre. Le pire, c’est que beaucoup de politologues ont la même opinion, ce qui veut dire que la solution est interne à la Russie, pour ne pas dire au Kremlin même. Le nouveau monde, vraiment ? 

Néologisme

La modernité est sans doute le mot le plus creux de la langue française. (S. Uzzan)

Et le pire, c’est que ça figure bien au dictionnaire. Je viens de découvrir un nouveau mot, jettomanie : Fait de jeter les ordures hors des endroits prévus à cet effet. Les autoroutes Vinci viennent de mettre en place une campagne d’information où l’on apprend qu’en France, 1 conducteur sur 4 est atteint de ce syndrome. Le spot de pub conclut qu’un seul remède existe… la poubelle ! Mais que fait-on de la responsabilité individuelle ? Ladite information ne semble pas l’envisager. Je repense à une scène du César et Rosalie de Claude Sautet, – on était en 1972 –, où l’on voyait Montand catapulter son Havane allumé par la portière de son cabriolet, tout en adressant cette réplique improbable à Romy Schneider, je jette mon cigare, je suis formidable. Déjà qu’aujourd’hui, fumer sur un écran est du plus mauvais effet, le moins qu’on puisse dire que cette phrase ne passerait plus du tout les fourches caudines du greenwashing, de la cancel culture et de la bien-pensance. Autre temps, autre mœurs, mais aussi autre vocabulaire… La jettomanie est une maladie sociale, défigurer notre belle langue, aussi. Relisons Anatole France : La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu’on l’aime de toute son âme, et qu’on n’est jamais tenté de lui être infidèle.

Les Volets verts

Somptueux requiem

Simenon et Dabadie à l’affiche – c’est la dernière adaptation de l’immense scénariste mort en 2020 -, dans un film de Jean BeckerL’Eté meurtrier, Les enfants du marais, La Tête en friche… – incontournable ? « Les Volets verts » dresse le portrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les années 70. Sous la personnalité célèbre, l’intimité d’un homme se révèle. 97 minutes au plus près d’un monstre sacré qui perd peu à peu de sa superbe, son corps le lâche, le temps des derniers questionnements est venu. Apprendre à dire adieu : un chemin tellement difficile à suivre pour une star qui refuse de voir approcher le crépuscule. Immense Depardieu !

Bien sûr, il faut aimer Simenon. Même si, encore une fois, l’adaptation est très libre, on aime à suivre au plus intime, ses personnages massifs, grognons, mais aussi, tellement complexes. Ici, c’est encore un régal. Les dialogues sont savoureux, la galerie de portraits subtile, la photo d’Yves Angelo tout simplement sublime – son Paris presque fantasmé avec des tournages dans les théâtres de Mogador et de la Porte Saint-Martin, les brasseries Le Balzar et Bofinger, ou encore le restaurant Le Bœuf sur le Toit -, offre un écrin à ce drame subtile et intimiste. Un drame poétique, sensible et suranné. Du cinéma « à la papa » qui fait du bien.

Ça fait une bonne dizaine de fois que Gérard Depardieu et Fanny Ardant partagent l’écran. La connivence est évidente et leur charme intact. Bien sûr, notre Gégé national écrase tout ; il ne quitte pas l’écran pour notre plus grand plaisir. Je n’ai plus de mots pour qualifier l’incroyable talent de cet homme. Stefi Celma, Benoit Poelvoorde, Anouk Grinberg et Fred Testot complètent un casting parfait. Il manque sans doute, la noirceur de Simenon, on y gagne un beau film solaire qui nous parle d’amour de la vie.  

Rifkin’s Festival

Un délice de cinéphile

On le sait depuis longtemps, les films de l’immense Woody Allen sont à classer en deux catégories : les chefs d’œuvre et les films mineurs. Celui-ci fait partie de la seconde, mais quand il s’agit de Woody, « mineur » signifie encore très au dessus de la moyenne. Un couple d’Américains se rend au Festival du Film de Saint-Sébastien et tombe sous le charme de l’événement, de l’Espagne et de la magie qui émane des films. L’épouse a une liaison avec un brillant réalisateur français tandis que son mari tombe amoureux d’une belle Espagnole. 90 minutes délicieuses pour une comédie romantique comme on en fait peu. Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres. Moi, j’adore.  

Pour son 50ème film, Maître Woody revient vers l’Europe, l’Espagne plus précisément où il n’avait plus planté sa caméra depuis 2008 pour Vicky Cristina Barcelona. Si l’histoire est légère comme une plume, les dialogues sont comme toujours ciselés et San-Sebastian offre un cadre idyllique à ce marivaudage haut de gamme. La mélancolie reste le maître-mot de ce moment de grâce sublimé par l’image de Vittorio Storaro. Les moments virtuoses restent les rêves en noir et blanc du héros, autant d’hommages au cinéma classique en pastichant, Welles, Fellini, Bergman, Godard, Lelouch, Bunuel… Pour le reste – voix off, héros hypocondriaque, dialogues vachards, bande-son jazzy – on est bien chez Woody Allen, entre rêve et réalité, tout en nostalgie, dans ses sentiers battus et rebattus… Mais qu’est-ce que vous voulez, j’aime ça.  

Wallace Shawn, qui est avant tout un acteur de séries télé, hante les plateaux de cinéma depuis 1979 et un certain Manhattan… de Woody Allen.  Les deux femmes, Elena Anaya et Gina Gershon, sont à croquer. Louis Garrel, Christoph Waltz, Sergi Lopez, complètent la distribution masculine. Tout ce petit monde prend visiblement un plaisir coupable à cabotiner avec légèreté dans le petit monde de Woody. Certains regretteront qu’il ne se renouvèle pas. Mais à 86 ans, chaque film ressemble à une page de testament. Sans surprise certes, mais comme un mets de roi, toujours délicieux.   

Retour aux affaires

Le cerveau est un organe merveilleux qui se met en marche au moment où vous vous réveillez et s’arrête au moment précis où vous arrivez au bureau.

Cette assertion  attribuée au poète américain Robert Frost, résume assez bien l’état général de la réflexion chez nos politiques. Les vacances sont finies pour les membres du gouvernement – enfin, pour ceux qui ont pu en prendre -. Ayons une pensée émue pour le gominé de Beauvau qui n’aura cessé de faire feu de tout bois, surtout sur les incendies. Certains, sortant de leur torpeur estivale, vont devoir expliquer maintenant quelques phrases sibyllines tel le sanglier de la Place Vendôme qui demande une enquête sur le Kohlantess organisé avec l’aval de son ministère entre les murs de la prison de Fresnes. Ou encore Toutenmacron qui devra expliciter son prix de la liberté à payer par le peuple français. De son côté, l’opposition est déterminée à en découdre sur le budget 2023 et des débats houleux s’annoncent sur la réforme de l’assurance-chômage, les retraites ou l’immigration. Avec un dilemme pour le camp présidentiel, comment maintenir le cap et de gauche et de droite. Ce fameux cap sera défini lors du séminaire gouvernemental à la fin du mois et qui tournera sans surprise autour de la sobriété énergétique, la bataille pour le climat et l’égalité des chances.  D’autre part, le Conseil National de la Refondation​ (CNR), qui doit associer élus, acteurs économiques et sociaux, et citoyens dans la concertation, se réunira pour la 1ère fois, le 8 septembre sur les thèmes de l’école, de la santé et des services publics. Enfin, les amis de Mélenronchon n’en démordent pas et déclarent à qui veut bien les entendre encore que la situation politique est instable – fine analyse -, et qu’ils ne voient que deux solutions : soit une coalition stable entre Macron et LR, soit à la fin un retour devant les urnes, avec une dissolution, – sans penser qu’une élection ne se gagne pas forcément sur commande -, et personnellement, je supporterai mal de voir l’influence de la Marine et de ses p’tits gars se renforcer encore aux dépens de l’extrême centre et du puzzle des gauches. Car chez nous, comme le disait le regretté José Artur, les urnes électorales sont davantage des corbeilles à papier que des lieux de réflexion.

Oh ! Eau !

L’eau en poudre : il suffit de rajouter de l’eau pour obtenir de l’eau.

En débutant cette chronique, il me revient en mémoire cette comptine médiévale, qui, comme tant d’autres, parlait des vieux métiers de la rue.

Oh ! Oh !

Marchand d’eau !

Qui veut de l’eau

De la belle eau

De la bonne eau

De mon tonneau ?

Ce bien ô combien essentiel, on l’a longtemps cru inépuisable – en tout cas, dans nos contrées -. Et voilà, 2022, balayant les précédents records de sècheresse de 1976 et 2033, nous rappelle cruellement à l’ordre. Dans ce nouveau contexte de stress hydrique, nous n’avons plus le choix : il faut repenser en profondeur notre système de gestion et de partage de l’eau. Sinon ? Sinon, nous allons droit vers des conflits généralisés autour de ce bien commun qui devra – envers et contre tout – le rester. Les solutions sont multiples : diversification des cultures, changer nos modes de consommation alimentaire, agir sur le cycle de l’eau,… bref du champ à l’assiette, la chaîne de valeur doit évoluer. Comme simples citoyens, nous avons notre rôle à jouer. Veiller aux fuites d’eau, réduire sa consommation en repensant nos habitudes – est-il nécessaire de laver sa voiture ou de faire du golf par exemple ? -. Ne nous trompons pas, la sobriété peut nous permettre de vivre mieux et non pas moins bien. Dernier levier à généraliser immédiatement : l’information, le dialogue et la concertation de tous les acteurs sont devenues essentielles pour rendre nos sociétés résilientes au changement climatique. Mais attention. Dans ce monde, l’appât du gain s’avère souvent le plus puissant des moteurs pour certains. L’Histoire a vu apparaître les marchands d’indulgences, les marchands d’armes, les marchands de sommeil… veillons à ne pas laisser surgir les marchands d’eau… C’est quand le puits est sec que l’eau devient richesse, dit le proverbe… méfions-nous.

Horoscope

Comme tous les verseaux, je ne crois pas à l’horoscope.

Signe du moment : Balance. Amusant de constater que le chef de notre police nationale est une Balance. Les natifs de ce signe observeront volontiers les nuages en y cherchant des formes, mais n’y verront que le visage satisfait de Gérald Darmanin.

Sagittaire : Vous rêverez d’Emmanuel Macron. Assis(e) sur ses genoux, il vous parlera d’un ton rassurant et vous convaincra qu’il faut détruire tous les services publics.

Bélier : premier signe du zodiaque, il a pour élément le feu. En toute logique, les natifs de ce signe deviendront très ami (e) avec un pyromane du sud de la France. Vous lui confierez vos problèmes de cœur, et lui sa fascination pour le feu et le chaos.

Gémeaux : comme pour Mme Pannier-Runacher, des scientifiques évalueront votre nullité à 87%… et c’est beaucoup.

Taureau : Vous posterez une photo de vous avec du guacamole et la légende « Vous en parlerez à mon avocat !! mdr ». Dupont-Moretti est « taureau »… ce qui n’étonnera personne. Suite à ce post ravageur, les gens se rassembleront devant chez lui, brandiront des torches et réclameront sa tête au bout d’une pique.

Si comme Jimmy Delliste, vous êtes Poisson et que vous nagez en eaux troubles en rêvant aux exploits des émissions d’aventures extrêmes, comme Fort Boyard, Koh-Lanta ou Pékin Express, une place est à prendre comme directeur de la prison de Fresnes. Il se murmure du côté de la Place Vendôme que le bureau devrait bientôt être vacant.

L’astrologie ? La science désastre. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Dutronc qui le chantait.