Archives de Tag: sept 20

La politique des symboles

Le monde est un interminable défilé de symboles. (J. Gardner)

Les nouveaux maires écolos n’ont-ils donc rien d’autres à faire qu’à s’attaquer à des symboles ? Après le Tour de France jugé trop polluant – certes – et trop machiste – ??? – par Grégory Doucet, le Maire de Lyon, mais qui s’est tout de même prêté à la remise « symbolique » – nous y voilà -, du maillot… vert – sûrement un hasard ! -, lors de la cérémonie protocolaire de l’étape qui se terminait chez les gones, voilà son collègue bordelais qui fait des siennes. La priorité des priorités de la lutte écologique réside-t-elle vraiment dans l’érection – d’accord, ça peut arriver -, d’un sapin géant sur la place Pey-Berland ? De toute évidence, les nouveaux verts se caricaturent eux-mêmes et finiront par passer à côté d’une occasion qui risque de ne pas se représenter de sitôt. Et, on apprend, au détour d’un discours présidentiel sur l’arrivée de la 5G, que les amis des amish ne sont pas les amis de Toutenmacron. Par pitié, vu l’état de la planète et les urgences climatiques, cessez de donner prise à vos adversaires en faisant mentir l’affirmation qui dit que plus un personnage a de pouvoir, plus il devient caricature. (L. Anderson)  

  

 

Intouchable

Jésus is back

Pour auditionner sa Majesté Raoult, la commission sénatoriale avant proposé une table ronde contradictoire qui permettrait de confronter différents points de vue scientifiques. Le seigneur de la Timonne a refusé de se retrouver face à ses pairs sous le prétexte que certains d’entre eux sont à l’origine de la plainte déposée contre lui. On est donc revenu à la formule traditionnelle qui ferait bailler même un bradype d’Amérique tropicale sous Mogadon. D’autant que sa seigneurie a renvoyé dans les cordes quiconque a osé poser une question d’ordre médical sous prétexte – encore un, ce qui me permet de citer André Maurois : Les prétextes n’ont jamais besoin d’être vraisemblables ; autrement, ils seraient des raisons, non des prétextes –, cette fois, qu’il ne pouvait discuter médecine avec des non-médecins. Les voies du seigneur sont parfaitement pénétrables : Jésus ne supporte pas la contradiction d’où qu’elle vienne. Même quand il accumule les approximations – toujours gênant pour un scientifique -, ou les contrevérités – amis de la litote, bonjour ! -… Un seul exemple : Il y a 4,6 milliards de personnes qui vivent dans des pays dans lesquels on recommande l’hydroxychloroquine, mais on a beau lui demander la liste desdits pays, il fait une vague allusion à un « papier » qui doit être bientôt publié sur le sujet. Or, dès qu’une voix s’élève pour contester ses thèses, il est immédiatement traîté d’imbécile qui débite des bêtises. Fermez le ban. Dieu a parlé.

Dans un jardin qu’on dirait éternel

Chaque jour est un bon jour

Cette comédie dramatique est le 1er film du japonais Tatsushi Ōmori que l’on peut voir sur nos écrans. Précédemment, sa carrière dans le 7ème Art s’était limité au maquillage et aux effets spéciaux. Dans une maison traditionnelle à Yokohama, Noriko et sa cousine Michiko s’initient à la cérémonie du thé. D’abord concentrée sur sa carrière dans l’édition, Noriko se laisse finalement séduire par les gestes ancestraux de Madame Takeda, son exigeante professeure. Au fil du temps, elle découvre la saveur de l’instant présent, prend conscience du rythme des saisons et change peu à peu son regard sur l’existence. Michiko, elle, décide de suivre un tout autre chemin. Avec ces 100 minutes d’une lenteur aussi extrême qu’assumée, nous plongeons dans le Japon de la tradition, des rituels et de la beauté absolue. Un film autour de la cérémonie du thé ce n’est à priori pas très sexy, et pourtant… quelle merveille ! Ce film est sorti le même jour que Tenet, qui était censé le cinéma mondial post-covid. Se tourner vers le Japon relève de l’acte politique, ou de l’acte de foi dans un cinéma différent, foi dans un cinéma qui prend le temps, qui privilégie la patience à la vitesse, dans un cinéma qui suspend le temps plutôt que de l’accélérer jusqu’à la nausée. Certes les deux genres se doivent de cohabiter, encore faudrait-il que tous les films partent sur un pied d’égalité en termes de promo et de visibilité. Un problème crucial qui n’est pourtant pas là d’être résolu.     Lire la suite

La Femme des steppes, le flic et l’œuf

« Öndög », chronique mongole

Un film mongol ! Quanan Wang est un réalisateur chinois qui n’avait rien proposé depuis 10 ans. Personnellement, pour moi, c’est une découverte. Son CV nous apprend qu’il est un habitué de la Berlinale où il a reçu l’Ours d’Or en 2006 pour Le mariage de Tuya, et cette année encore, 8 nominations. Et disons-le, c’est mérité. Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé. Au-delà du dépaysement et de l’intérêt documentaire sur la vie sous les yourtes des plaines mongoles, ces 100 minutes s’appuient sur une histoire très originale et une réalisation somptueuse. A découvrir, ça vaut le voyage ! Lire la suite

L’homme orange tire sur tout ce qui bouge

Nouvelles cibles

Entre 2 twitts assassins et ses séances d’UV, – auxquelles ont doit ce seyant et permanent teint orange vif, Donald le Connard s’est trouvé une nouvelle victime, en la – jolie – personne de Meghan Markle, la princesse qui veut se faire la peu d’un âne. Il n’a visiblement pas apprécié les récentes déclarations de la princesse, qui ne l’oublions pas est américaine, et qui, en conséquence, va voter le 3 novembre prochain. Or, elle a osé prendre parti publiquement, c’est l’élection la plus importante de notre vie. Lorsque nous votons, nos valeurs sont en jeu, nos voix se font entendre. […] Il est crucial de rejeter les discours de haine, la désinformation et les attaques en ligne. Comment se fait-il que Donald le Connard ait compris qu’elle ne soutenait pas sa candidature ? Pour conclure cet extrait de sa dernière conférence de presse, il a souhaité bon courage au Prince Harry …

La favorite au poste de juge à la Cour Suprême, en remplacement de RBG, la catholique ultra-conservatrice Amy Barrett vient d’être nommée par qui vous savez. Une véritable catastrophe annoncée pour le pays, car cette nomination menacera les avancées progressistes de ces dernières années, comme la réforme de la santé, la protection des jeunes sans-papiers et même le droit à l’avortement. Enfin, l’homme orange, pour faire bonne mesure, a refusé de s’engager à accepter les résultats du 3 novembre. Cela lui a même valu un rappel à l’ordre de son propre camp, notamment du patron des républicains au Sénat, Mitch McConnell. Comme disait Peter Ustinov : Le courage n’est souvent dû qu’à l’inconscience, alors que la lâcheté s’appuie toujours sur de solides informations… Et il semblerait que Donald le Connard soit très bien informé…

A mort… les morts !

Trump vs zombie.

Non satisfait de s’en prendre sans cesse aux vivants, Donald le Connard, décidément à court d’arguments, vient de se retourner contre John McCain, – décédé il y a 7 mois -, qui, bien que sénateur républicain de l’Arizona, était un modéré et lui était opposé. Comme le roi dèc… a la rancune tenace, il a décidé de fustiger la veuve du sénateur défunt, parce qu’elle vient d’apporter son soutien à Biden en ses termes : Nous sommes républicains, oui, mais des Américains avant tout. Il n’y a qu’un seul candidat dans cette campagne qui défend nos valeurs en tant que nation, et c’est Joe Biden. Même après sa mort, le nom de John McCain continue de faire des vagues. Rappelons qu’en 2019, lors d’une visite de l’homme qui twitte plus vite que son ombre au Japon, durant un de ses discours dans le port d’Osaka, le Pentagone avait demandé qu’on dissimulât le nom honni sur la coque du navire de guerre, l’USS John McCain… Une guéguerre post-mortem qui ne grandit certes pas les vivants et surtout pas Donald le Connard qui est décidément plus méprisable que jamais… Quand les Américains vont-ils le comprendre ? Avant le 3 novembre, espérons-le.  

The Climb

L’ami toxique

Le film de Michael Angelo Covino est totalement inclassable. Cette pure folie a reçu 2 Prix du Public, à Deauville et à Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard… Et c’est le mot. Cet italo-américain – dont les deux premiers films ne sont sortis qu’en VOD – a un regard bien à lui sur le monde et notre société du XXIème siècle. Kyle et Mike sont deux meilleurs amis aux tempéraments très différents mais dont l’amitié a toujours résisté aux épreuves de la vie. Jusqu’au jour où Mike couche avec la fiancée de Kyle… Alors que l’amitié qui les lie aurait dû être irrémédiablement rompue, un événement dramatique va les réunir à nouveau. 98 minutes complètement folles, déjantées et d’une drôlerie pour le moins déroutante. Moi, j’ai adoré…Et vous ? Lire la suite

Antigone

Héroïne malgré elle

C’est mon coup de cœur de cette rentrée 2020. Il vient du Québec, signé par Sophie Deraspe. 110 minutes totalement bouleversantes comme on en a peu vues au ciné depuis longtemps. Antigone est une adolescente brillante au parcours sans accroc. En aidant son frère à s’évader de prison, elle agit au nom de sa propre justice, celle de l’amour et la solidarité. Désormais en marge de la loi des hommes, Antigone devient l’héroïne de toute une génération et pour les autorités, le symbole d’une rébellion à canaliser… Il fallait oser transposer la tragédie de Sophocle dans notre XXIème siècle, et faire d’Antigone une héroïne féministe… voilà qui est fait avec une sensibilité et un talent étonnants. Sans doute le film à voir en priorité. Lire la suite

Hommage

Notre « jolie môme » est partie

La muse des germanopratins  s’en est allée vers des lieux toujours verts où jamais il ne pleut. A 93 ans, la Gréco avait tout essayé, la chanson bien sûr, la danse, le cinéma, la télé – inoubliable Belphégor -. Elle a inspiré les plus grands de son temps, Prévert, Vian, Queneau, Sartre, Gainsbourg et rendu immortelle des chansons qui ne vivaient qu’à travers elle et son immense talent d’interprète et de diseuse de la chanson. Et contrairement à la chanson de Guy Béart qu’elle a si bien portée, il y a bien un après… son départ car ses chansons restent là, et on ne se lassera jamais de les écouter.

Une barque sur l’océan

Le choc des cultures

Le titre est celui d’une des pièces du recueil pour piano de Ravel, Miroirs. Persuadé qu’on parlerait musique durant ces 95 minutes, je n’ai pu résister. Et il n’y a pas tromperie sur la marchandise, on parle effectivement piano et musique durant le film signé par Arnold de Parscau. Eka est un jeune Balinais de 25 ans vivant dans un petit village perdu au nord de Bali. Par amour pour Margaux, belle étudiante en piano expatriée sur l’île avec sa famille française dans une luxueuse villa, Eka décide d’apprendre à composer de la musique. Le jeune homme va se laisser envoûter par ce monde artistique qu’il cherche à conquérir, lui faisant espérer une nouvelle vie loin de la pauvreté et de la dureté de son milieu. Mais sa chute sera à la mesure de son ascension vers le succès : vertigineuse et tragique. Film inégal qui ne manque pas de qualités par ailleurs. Lire la suite