Archives de Catégorie: Animation

Elementaire

L’amour est aussi une réaction chimique

Bon, je sais, ne jamais dire « fontaine je ne boirai pas de ton eau » ! Votre Jipéhel est allé voir le film d’animation de  Peter Sohn pour les studios Pixar, qui a fait la clôture du dernier Festival de Cannes. Dans la ville d’Element City, le feu, l’eau, la terre et l’air vivent dans la plus parfaite harmonie. C’est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d’esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l’âme. L’amitié qu’ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent… 102 minutes bien écrites – je ne perdrai pas mon temps dans ce type de chronique à parler de l’aspect technique… toujours aussi bluffant -, qui permettent une double lecture, la pure aventure pour les plus jeunes et le message humaniste pour les plus grands. C’est malin et sympa à regarder même si Vice Versa ou Ratatouille, Là-Haut et surtout Zootopie pour moi, le sommet du genre, reste au-dessus de cette production pas si… élémentaire.

Les clins d’œil pullulent, le rythme est soutenu, les inventions visuelles s’enchaînent à un rythme effréné – il y en a partout sur l’écran -, les dialogues sont drôles – on ne mégote sur le jeu de mots… à commencer par les deux héros, Flak et Flam… vous avez compris pour l’eau et le feu -, l’émotion affleure souvent et le plaidoyer en faveur du vivre ensemble est vibrant en évitant tout manichéisme facile. Le film en profite pour revisiter le mythe de Roméo et Juliette le rendant universel et particulièrement poétique. En bref, une vraie comédie romantique mais qui parle de déterminisme, de tolérance, de différences culturelles et du besoin de les dépasser. On reconnaît avec plaisir les voix françaises d’Adèle Exarchopoulos, – pour la 1ère fois dans ce genre d’exercice – et Vincent Lacoste, Le sortilège Pixar n’a pas disparu et va encore faire la joie des grands et des petits pendant cet été. A noter que la projection d’Élémentaire au cinéma est précédée du court-métrage Le Rendez-vous galant de Carl, où l’on retrouve avec plaisir le héros de Là-Haut.

Le Petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

Hommage à la résilience de deux génies

Ce petit bijou signé Amandine Fredon et Benjamin Massoubre a triomphé au Festival d’Annecy… et c’est bien mérité. Ces 82 – trop courtes – minutes sont un vrai délice de finesse et de tendresse. Penchés sur une large feuille blanche quelque part entre Montmartre et Saint-Germain-des-Prés, Jean-Jacques Sempé et René Goscinny donnent vie à un petit garçon rieur et malicieux, le Petit Nicolas. Entre camaraderie, disputes, bagarres, jeux, bêtises, et punitions à la pelle, Nicolas vit une enfance faite de joies et d’apprentissages. Au fil du récit, le garçon se glisse dans l’atelier de ses créateurs, et les interpelle avec drôlerie. Sempé et Goscinny lui raconteront leur rencontre, leur amitié, mais aussi leurs parcours, leurs secrets et leur enfance. Tout ceux qui aiment Goscinny et Sempé – et ils sont très nombreux -, doivent se précipiter toute séance tenante voir cet hommage pas comme les autres.

À l’origine, il devait s’agir d’un film documentaire mêlant les vidéos d’archives de Sempé et Goscinny aux histoires dessinées du Petit Nicolas. Finalement le projet a évolué et l’envie de réaliser la totalité du film en animation s’est imposée. Le film s’avère à la hauteur de l’élégance et l’esprit des deux hommes. Ni caricature, ni hagiographie, mais une infinie fidélité aux talents des deux hommes et surtout à leur amitié. Le duo de réalisateurs ont eu accès, grâce à Anne Goscinny, aux tapuscrits et aux dessins originaux du Petit Nicolas et, ainsi réussi tout sauf un feel good movie gluant et tire-larmes. Tout est ici réussi : la poésie des dessins, l’humour des dialogues, l’animation parfaite et le choix des « voix » avec Alain Chabat, Laurent Laffite, Frédérique Tirmont, Simon Faliu, etc. Avec ses faux airs de comédie musicale – clin d’œil appuyé à Un américain à Paris -, et son excellente bande-son, on se régale du générique au mot fin d’un film clair et solaire dans lequel, avant de nous quitter en août dernier, Sempé s’était reconnu. Mêlant habilement deux récits, la biographie, l’amitié indéfectible avec Goscinny et l’imaginaire de aventures du petit Nicolas, ce petit bijou drôle, tendre et malin, est d’une fidélité à toute épreuve à deux de nos grands génies disparus. Un film qui fait du bien en ses temps plus que troublés.

Tout le monde aime Jeanne

Suis-je une bonne personne ?

Même si c’est son 1er long métrage, Céline Devaux n’est pas une inconnue, puisque cette spécialiste de l’animation a déjà récolté une récompense à la Mostra, le César 2016 de la catégorie et un grand prix au festival de Clermont. Et heureusement pour nous, elle n’a pas oublié ses premières amours dans cette tragicomédie de 95 minutes. Pour moi, ça sauve le film. Tout le monde a toujours aimé Jeanne. Aujourd’hui, elle se déteste. Surendettée, elle doit se rendre à Lisbonne et mettre en vente l’appartement de sa mère disparue un an auparavant. À l’aéroport elle tombe sur Jean, un ancien camarade de lycée fantasque et quelque peu envahissant. Un film hybride, un peu étrange, assurément bancal, à la fois attachant et agaçant. Mes impressions aussi sont hybrides.

Ce film nous parle à la fois d’expatriation et d’inquiétude individuelle. Mais centrer un film sur un personnage aussi désagréable est une gageure. Est-elle tenue ? Je vous laisse juge. Personnellement, cette héroïne m’a profondément agacé et donc mis très mal à l’aise. Elle boude, elle râle, elle bougonne, sourit quand elle se brûle… bref la fille qu’on n’a pas du tout envie d’avoir comme copine. Quant aux personnages masculins, ils sont bien fadasses. Heureusement, je le répète, il y a la partie animation qui met en scène un petit fantôme chevelu qui harcèle l’héroïne toute la journée comme une sorte de mauvaise conscience, de représentation de la honte. Ses apparitions fréquentes sont les seuls vrais bons moments du film avec la musique de Flavien Berger, mélangée à des sons de la vraie vie : des bruits de moteur, des bruits aquatiques, des bruits de rue… un orchestre de sons réels et inventés. Une comédie sur l’échec personnel, professionnel, sentimental, financier + le deuil de la mère… Ah oui, on n’a pas lésiné sur les moyens ! Quant à la conclusion… mon dieu, quelle banalité !  

Blanche Gardin, pour son 1er grand rôle, fait du Gardin. D’aucuns parlent de sobriété, moi, je qualifierai plutôt son jeu de lointain, froid, désincarné. A force de jouer les personnages antipathiques, elle le devient. Comme je l’ai dit plus haut, les 3 hommes qui tournent autour de Jeanne sont dans le genre falot même campés par Laurent Lafitte, Maxence Tual et Nuno Lopes. Mais que dire des apparitions de Marthe Keller aussi fugaces qu’inutiles ? Une comédie psy dépressive, mais on est loin de Woody Allen. 95 minutes des problèmes d’une quarantenaire névrosée, c’est long.   

Le Roi Lion

Trompe-l’œil  

25 ans après la version originale, Disney demande à Jon FavreauLe Livre de la Jungle – de s’emparer de la version numérique du Roi Lion. A l’arrivée 118 minutes d’une performance technique incomparable et inintérêt total. Au fond de la savane africaine, tous les animaux célèbrent la naissance de Simba, leur futur roi. Les mois passent. Simba idolâtre son père, le roi Mufasa, qui prend à cœur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar, le frère de Mufasa, l’ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l’exil de Simba. Avec l’aide de deux nouveaux amis, Timon et Pumbaa, le jeune lion va devoir trouver comment grandir et reprendre ce qui lui revient de droit… Une fois de plus, le débat entre le fond et la forme est ouvert. Et quand la forme submerge le fond, que reste-t-il ? Lire la suite

Another day of life

Confusão

Ce sont Raul de la Fuente et Damian Nenow qui se retrouvent à la tête de cette coproduction espagnole, allemande, polonaise et belge. Varsovie, 1975. Ryszard Kapuscinski (43 ans) est un brillant journaliste, chevronné et idéaliste. C’est un fervent défenseur des causes perdues et des révolutions. À l’agence de presse polonaise, il convainc ses supérieurs de l’envoyer en Angola. Le pays bascule dans une guerre civile sanglante à l’aube de son indépendance. Kapuscinski s’embarque alors dans un voyage suicidaire au cœur du conflit. Il assiste une fois de plus à la dure réalité de la guerre et se découvre un sentiment d’impuissance. L’Angola le changera à jamais : parti journaliste de Pologne, il en revient écrivain. 85 minutes qui ont reçu le Prix européen du meilleur film d’animation. Il y a de tout dans cette OVNI cinématographique, du biopic, du film de guerre, du drame et bien sûr de l’animation. Un sacré mélange pour un  témoignage saisissant et sans concession sur une page de l’histoire de l’Angola que la plupart d’entre nous ignorent. Passionnant et envoûtant. Lire la suite

Paddington 2

Un régal au goût de miel

Et revoici Noël et son cortège de films pour enfants. Vous connaissez mon peu de passion pour les films d’animation, mais, j’ai un petit faible pour les aventures de l’ours Paddington, qui savent mêler la prouesse technique et le jeu des acteurs. Pour le tome 2 des aventures du plus célèbre des oursons, comme en 2104, on retrouve le britannique Paul King aux commandes. Paddington coule des jours heureux chez les Brown, sa famille d’adoption, dans un quartier paisible de Londres, où il est apprécié de tous. Alors qu’il recherche un cadeau exceptionnel pour les cent ans de sa tante adorée, il repère un magnifique livre animé, très ancien, chez un antiquaire. Pas de temps à perdre : il enchaîne les petits boulots pour pouvoir l’acheter ! Mais lorsque le précieux ouvrage est volé, Paddington est accusé à tort et incarcéré. Convaincus de son innocence, les Brown se lancent dans une enquête pour retrouver le coupable… 103 minutes dégoulinantes de bons sentiments mais techniquement irréprochables et portées par des acteurs déchaînés. Un film franco-britannique qui n’a rien à envier à ses cousins d’outre-Atlantique. Lire la suite

Tous en scène

The Voice… à poils

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Tout à été dit ou presque sur ce genre de films ; c’est bien fait, techniquement parfait, drôle, inventif et, depuis quelques années, basés sur d’excellents scénarii. Ces 108 minutes réalisées par Garth Jennings sont donc le droit fil du film d’animation du XXIème siècle.  Buster Moon est un élégant koala qui dirige un grand théâtre, jadis illustre, mais aujourd’hui tombé en désuétude. Buster est un éternel optimiste, un peu bougon, qui aime son précieux théâtre au-delà de tout et serait prêt à tout pour le sauver. C’est alors qu’il trouve une chance en or pour redorer son blason tout en évitant la destruction de ses rêves et de toutes ses ambitions: une compétition mondiale de chant. Cinq candidats sont retenus pour ce défi: Une souris aussi séduisante que malhonnête, un jeune éléphant timide dévoré par le trac, une truie mère de famille débordée par ses 25 marcassins, un jeune gorille délinquant qui ne cherche qu’à échapper à sa famille, et une porc-épic punk qui peine à se débarrasser de son petit ami à l’ego surdimensionné pour faire une carrière solo. Tout ce petit monde va venir chercher sur la scène de Buster l’opportunité qui pourra changer leur vie à jamais. Comme vous le savez, je ne suis pas un dingue de ce type de film, mais, petite fille oblige, je ne peux que reconnaître que j’ai passé un très bon moment en compagnie de Buster, Rosita, Ash, Johnny, Gunter et les autres. Lire la suite

Ma vie de courgette

Délicieux

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Le film d’animation français se porte bien et même très bien. Il résiste avec toute son originalité au rouleau-compresseur américain des Disney, Pixar et Cie. Ces 66 minutes réalisées par Claude Barras – dont c’est le premier film – et son équipe en sont un témoignage vivant. Et les prix du Public et Cristal du long métrage au festival du film d’animation d’Annecy, du  Public au Festival de San Sebastian, ainsi que le 1er Prix du festival d’Angoulême sont amplement mérités. Courgette n’a rien d’un légume, c’est un vaillant petit garçon. Il croit qu’il est seul au monde quand il perd sa mère. Mais c’est sans compter sur les rencontres qu’il va faire dans sa nouvelle vie au foyer pour enfants. Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice : ils ont tous leurs histoires et elles sont aussi dures qu’ils sont tendres. Et puis il y a cette fille, Camille. Quand on a 10 ans, avoir une bande de copains, tomber amoureux, il y en a des choses à découvrir et à apprendre. Et pourquoi pas même, être heureux. Pour être honnête cette petite perle est franco-suisse. Merveilleux hymne à la joie de vivre et à l’espoir filmé avec tendresse à la hauteur des enfants. De quoi faire aimer les légumes verts aux petits… et aux grands.   Lire la suite

Le Petit Prince

Deux films pour le prix d’un ?

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Un film d’animation français dans le grand circuit de distribution, c’est presque devenu une curiosité. Une adaptation du roman culte de Saint-Exupéry, ça aussi, c’est une curiosité. Alors, j’ai osé aller contre mes préjugés. J’aurais mieux fait de les écouter. C’est l’histoire d’une histoire. C’est l’histoire d’une petite fille, intrépide et curieuse, qui vit dans un monde d’adultes. C’est l’histoire d’un aviateur, excentrique et facétieux, qui n’a jamais vraiment grandi. C’est l’histoire du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire. Le pitch en dit long sur les intentions de Mark Osborne, un spécialiste du film d’animation (on lui doit déjà Kung-Fu Panda ou Bob l’Eponge), et de son équipe. Il y a deux films en un seul, deux styles de dessin et d’animation totalement différents… et surtout une partie parfaitement inutile dont on se serait volontiers passé. Bref, beaucoup de travail pour un loupé. Quel dommage ! Lire la suite

Le Livre de la jungle

Eblouissant

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Après Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton, Maléfique avec Angelina Jolie en sorcière de La Belle au bois dormant, puis Cendrillon revisité par Kenneth Branagh, Disney réalise une version live d’un autre classique. C’est Jon Favreau, (Iron Man) qui est à la baguette et c’est une vraie réussite. Les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par son mentor la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontre des créatures comme Kaa, un python à la voix séduisante et au regard hypnotique et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu. Décors somptueux, personnages attachants, péripéties à gogo…une bonne part de noirceur assumée, cette nouvelle adaptation du chef d’œuvre de Rudyard Kipling est une splendeur. J’en parle d’autant plus librement que, et vous le savez fidèles lecteurs, je ne suis pas un fan de ce type de productions. Mais, là, je dois l’avouer, j’ai été bluffé d’avoir pris tant de plaisir à suivre les aventures de Mowgli et de ses amis malgré l’avalanches d’effets spéciaux tous plus étonnants les uns que les autres. On pouvait s’attendre au pire et, à l’arrivée, c’est tout simplement magique ! Lire la suite