Archives de Tag: mars 16

Remember

Les justiciers sont fatigués

Remember

La thématique d’anciens nazis encore vivants et cachés aux États-Unis a déjà été plusieurs fois abordée au cinéma, comme par exemple dans Un élève douéThis Must Be the Place ou encore Marathon Man. Cette fois c’est le grand Atom Egoyan qui s’intéresse à ce sujet avec ce thriller en forme de road-movie pas comme les autres. Un vieil homme, survivant de l’Holocauste, parcourt les États-Unis pour se venger d’un passé qu’il ne cesse d’oublier. Outre la réalisation plus que soignée et l’interprétation exceptionnelle, le scénario que l’on pourrait croire cousu de fil blanc réserve moult surprises jusqu’à un final renversant. Un film que vous n’êtes pas prêts d’oublier. Lire la suite

No land’s song

Le parcours d’une combattante

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Sara Najafi a eu l’idée en 2009 de contourner la loi interdisant, en Iran, aux femmes de chanter sur scène devant un public composé d’hommes, en organisant un concert officiel de chanteuses filmé par son frère Ayat Najafi. En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit de chanter en public en tant que solistes. Une jeune compositrice, Sara Najafi, avec l’aide de trois artistes venues de France (Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi), va braver censure et tabous pour tenter d’organiser un concert de chanteuses solo. 95 minutes de documentaire musical absolument passionnantes, pendant lesquelles le spectateur balance sans arrêt entre le fou rire, la stupeur et l’émotion. Il faut voir ce film pour comprendre dans quel monde vivent certains de nos contemporains, pour appréhender à quelle portion congrue sont réduits le droit des femmes, pour mesurer jusqu’à quelles limites peut pousser l’intégrisme aveugle et la bêtise quand elle est provoquée par une religion extrémiste. D’utilité publique et d’une qualité musicale rare. Trop peu distribué à mon goût, trouvez la bonne salle et rendez hommage à cette magnifique leçon de courage et de colère obstinée.   Lire la suite

Five

Le club des cinq

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C’est son premier film et il s’appelle Igor Gotesman.  C’est en enchaînant les castings que le jeune homme s’est rendu compte que le meilleur moyen d’obtenir des rôles dignes de ce nom est de les écrire soi-même. Et ça donne donc ces 102 minutes de film de bande, sympa, foutraques, pas toujours très maîtrisées, mais qui ne génèrent jamais l’ennui. Cinq amis d’enfance rêvent depuis toujours d’habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer ! A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d’assumer sa part en se mettant à vendre de l’herbe. Mais n’est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autres choix que de se tourner vers la seule famille qu’il lui reste : ses amis ! Le coup des « dealers malgré eux » on nous l’a déjà fait un paquet de fois, mais reconnaissons que cette comédie déjantée renouvelle un tantinet le sujet. Il y aura un vrai public pour ce film où tout le monde ne trouvera pas ce qu’il cherche au cinéma, mais reconnaissons lui le mérite de contenir quelques scènes d’anthologie. A voir, en n’oubliant l’âge qu’on a. Lire la suite

Rosalie Blum

L’épicière et le coiffeur : conte social

Rosalie

Scénariste et adaptateur apprécié et reconnu, (Au nom de ma fille, Belles Familles, Bis, Zulu, Cloclo, Faubourg 36, Pars vite et reviens tard, etc…) Julien Rappeneau réalise enfin son premier film avec cette comédie poétique du meilleur aloi. Vincent Machot connaît sa vie par cœur. Il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère bien trop envahissante. Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents… Il croise par hasard Rosalie Blum, une femme mystérieuse et solitaire, qu’il est convaincu d’avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l’espoir d’en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer… Quand je vous disais qu’en ce moment le cinéma français se portait plutôt bien : en voilà une nouvelle preuve. Une très jolie comédie, un de ces films qui font du bien, 95 minutes de pur bonheur ! Lire la suite

Médecin de campagne

Cri d’alarme

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Décidément, le cinéma français est dans une bonne passe. Après La Vache, Dieumerci, Saint Amour, Rosalie Blum (dont je parlerai cette semaine), Thomas Lilti, dont le premier film, Hippocrate, avait séduit un large public et la critique (une association pas si courante que ça) revient sur les écrans avec une très belle comédie dramatique qui est en passe de connaître la même réussite. Tous les habitants, dans ce coin de campagne, peuvent compter sur Jean-Pierre, le médecin qui les ausculte, les soigne et les rassure jour et nuit, 7 jours sur 7. Malade à son tour, Jean-Pierre voit débarquer Nathalie,  médecin depuis peu, venue de l’hôpital pour le seconder. Mais parviendra-t-elle à s’adapter à cette nouvelle vie et à remplacer celui qui se croyait… irremplaçable ? Touchant, réaliste, brillant et servi par un acteur d’exception, l’immense François Cluzet. Lire la suite

Les Ogres

Le bateau ivre

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Léa Fehner n’a que 34 ans. Son premier film, Qu’un seul tienne et les autres suivront, avait été couvert de prix en tous genres. Cette comédie dramatique est un morceau de roi à dévorer séance tenante. Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos, leur spectacle en bandoulière. Dans nos vies ils apportent le rêve et le désordre. Ce sont des ogres, des géants, ils en ont mangé du théâtre et des kilomètres. Mais l’arrivée imminente d’un bébé et le retour d’une ancienne amante vont raviver des blessures que l’on croyait oubliées. Alors que la fête commence ! 144 minutes… c’est très long. Et pourtant on ne voit pas le temps passer. Pas un instant d’ennui, on est emportés et submergés par cette troupe dont on a l’impression de faire partie. Aussi bouillonnant que magique ! Lire la suite

Triple 9

Fucking, not fucking

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Après ses calamiteux La Route et Projet X, l’australien John Hillcoat avait redressé la barre avec son excellent Des Hommes sans loi. Cette fois, je situerai ce polar noir et violent entre les deux, mais dans la bonne moyenne. Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Alors qu’il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l’inspecteur Jeffrey Allen ignore encore que son propre neveu Chris, policier intègre, est désormais le coéquipier de l’un des malfrats. À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov ordonne à l’équipe d’effectuer un dernier braquage extrêmement risqué. Michael ne voit qu’une seule issue : détourner l’attention de l’ensemble des forces de police en déclenchant un code « 999 » – signifiant « Un policier est à terre ». Mais rien ne se passe comme prévu… On est loin de tout comprendre, mais la réalisation est plus qu’efficace et servie par un formidable casting. Mention honorable ! Lire la suite

Cadavres

« Maccablé » : cadavre au visage soucieux (A. Kinkelkraut)

Lao-Tseu disait : Si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. C’est ce que l’occident est entrain de constater. On a beaucoup gloser sur l’intervention aérienne anti-Daesh, la soupçonnant d’être pour le moins inefficace. Non seulement le pseudo Etat Islamique recule laissant derrière lui, non seulement un champ de ruines, mais aussi pas mal de ses dirigeants. Son N°2, le sympathique Abdelrhamane et un autre de ses chefs, le désormais regretté Omar, sont partis compter le vierges au pays d’Allah. Un aller sans retour.

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A Perfect Day – Un jour comme un autre

Un puits sans fond

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Adaptée du roman Dejarse Llover de Paula Farias, la comédie dramatique de Fernando León de Aranoa est une des très bonnes surprises du moment. J’avais adoré Amador, son précédent film, je suis emballé par celui-ci par son originalité, la qualité du scénario, des dialogues et de l’interprétation. Un groupe d’humanitaires est en mission dans une zone en guerre : Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ; Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ; Katya, voulait Mambru ; Damir veut que le conflit se termine ; et B ne sait pas ce qu’il veut. Une comédie grinçante te décapante sur l’absurdité de la guerre et sur les limites de l’humanitaire.105 minutes épatantes ! Lire la suite

Au nom de ma fille

Le combat d’une vie

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Depuis son Comme les autres de 2008, jusqu’à L’Enquête en 2012 en passant par Présumé coupable, Vincent Garenq a prouvé qu’il était un très bon spécialiste du ciné-dossier et ce ne sont pas ces 87 minutes qui me démentiront. Un jour de juillet 1982, André Bamberski apprend la mort de sa fille Kalinka. Elle avait 14 ans et passait ses vacances en Allemagne auprès de sa mère et de son beau-père le docteur Krombach. Rapidement, les circonstances de sa mort paraissent suspectes. L’attitude de Dieter Krombach ainsi qu’une autopsie troublante laissent beaucoup de questions sans réponse. Très vite convaincu de la culpabilité de Krombach, André Bamberski se lance dans un combat pour le confondre. Un combat de 27 ans qui deviendra l’unique obsession de sa vie… Résumer 30 années de combat dans le temps d’un film était une gageure que les scénaristes et le réalisateur ont relevée avec succès. De l’excellent cinéma, solide, documenté, efficace… et glaçant. Lire la suite