Five

Le club des cinq

five

C’est son premier film et il s’appelle Igor Gotesman.  C’est en enchaînant les castings que le jeune homme s’est rendu compte que le meilleur moyen d’obtenir des rôles dignes de ce nom est de les écrire soi-même. Et ça donne donc ces 102 minutes de film de bande, sympa, foutraques, pas toujours très maîtrisées, mais qui ne génèrent jamais l’ennui. Cinq amis d’enfance rêvent depuis toujours d’habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer ! A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d’assumer sa part en se mettant à vendre de l’herbe. Mais n’est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autres choix que de se tourner vers la seule famille qu’il lui reste : ses amis ! Le coup des « dealers malgré eux » on nous l’a déjà fait un paquet de fois, mais reconnaissons que cette comédie déjantée renouvelle un tantinet le sujet. Il y aura un vrai public pour ce film où tout le monde ne trouvera pas ce qu’il cherche au cinéma, mais reconnaissons lui le mérite de contenir quelques scènes d’anthologie. A voir, en n’oubliant l’âge qu’on a.

five 1

Igor Gotesman avoue avoir eu en tête, au moment de la création de Five, des films à l’humour « cul-pipi-caca » comme SuperGrave et En Cloque, mode d’emploi. Disons tout de suite que ce film est beaucoup plus intéressant et surtout subtil que ces deux titres, même si le scénario aurait pu nous gommer quelques aspects scatologiques qui étaient parfaitement évitables. Même si on a parfois du mal à entrer en empathie avec tous les membres de la bande (question de génération sans doute) le personnage central est le contre-exemple vivant de l’adage célèbre, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.  Roi de la procrastination, il a un problème de confiance en lui, il a peur de perdre les gens qu’il aime et de les décevoir, alors il ne fait pas forcément les bons choix. Souvent ça passe par une forme de positivisme, d’optimisme tellement poussé que ça confine à la mythomanie. Il veut être comédien mais il n’est pas forcément bon, il se veut séducteur, mais reste plutôt un loser de l’amour, il veut à tous prix ne pas décevoir et il s’enferre, en entraînant son entourage dans une spirale du mensonge qui pourrait s’avérer dangereuse. Ce club des cinq du XXIème siècle fait penser à Judd Apatow et ne vaut que par ses dialogues souvent très drôles, son rythme échevelé et la sympathie qu’on peut avoir pour ce groupe de jeunes comédiens.

five 2

Pierre Niney, qui a déjà fait ses preuves… et quelles preuves, écrasent évidemment l’ensemble de la distribution de toute la hauteur de son talent. Mais ses jeunes comparses François Civil, Igor Gotesman, (himself) Margot Brancilhon et Idrissa Hanrot, sont tout à fait convaincants. Ils représentent toutes les facettes de notre jeunesse et forment une joyeuse équipe. Ils sont entourés par quelques acteurs chevronnés comme Pascal Demolon, Michèle Moretti, Philippe Duclos ou Bruno Lochet, qui font le boulot sans barguigner. Ce film jeune joué par des jeunes et qui s’adresse de toute évidence à un public jeune, « adulescent », comme on dit de nos jours, a reçu le Prix Cinéma 2016 de la Fondation Barrière qui récompense les nouveaux talents. Oserez vous ce petit coup de jeune ?

Laisser un commentaire