Deux moi

Le droit au bonheur

Je suis un fan de Cédric Klapisch, depuis 1992 et son tout 1er film, Riens du tout, et contrairement à une certaine critique souvent mal attentionné à son égard, je ne vois pas grand-chose à jeter dans sa filmographie. Même quand ce n’est pas tout à fait réussi, il y a toujours un ton personnel, une façon de filmer, de raconter des histoires qui n’appartient qu’à lui. Ces 110 minutes de comédie dramatique ne feront pas d’ombre à ce tableau. Rémy et Mélanie ont trente ans et vivent dans le même quartier à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu’il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de cette solitude des grandes villes, à l’époque hyper connectée où l’on pense pourtant que se rencontrer devrait être plus simple… Deux individus, deux parcours. Sans le savoir, ils empruntent deux routes qui les mèneront dans une même direction… celle d’une histoire amour ? Je me suis encore une fois régalé devant ce duo de solitaires dépressifs dont le routes ne se croiseront que quand ils iront mieux, quand ils auront compris que tout le monde a le droit au bonheur.

Est-ce parce que notre réalisateur est fils d’une psy qu’il donne, ici la part belle à deux thérapeutes sans se moquer d’eux, ce qui reste une mauvaise habitude dans la comédie made in France de fourbir les clichés souvent ridicules sur ces médecins ? Car au-delà du duo de cabossés de la vie que l’on suit avec empathie dans leurs aventures parallèles qui les fait se frôler en permanence sans que jamais ils ne se regardent, Klapisch, comme il le fait toujours, nous offre une galerie de portraits secondaires tous savoureux, les psys, déjà cités, l’épicier, les rencontres épisodiques, etc. C’est à la fois léger et profond, le portrait du Paris d’aujourd’hui à l’heure des réseaux sociaux est très réussi, mais on pose ici une question cruciale : est-ce que l’usage d’internet et des réseaux sociaux fabrique du lien social ? Est-ce que la solitude est toujours la même qu’il y a 20 ans ? Klapisch nous propose sa réponse : parler d’amour. L’histoire cohérente et fluide, parvient à conserver une unité de ton, ce qui a dû s’avérer complexe. Le tout filmé dans un Paris positif, beaucoup plus familial et pacifique que ce que les gens pensent. Bref, un conte tantôt pétillant ou émouvant sur l’ultra-moderne solitude urbaine, des variations infinies sur le thème de « chacun cherche l’amour ».

Deux moi a vraiment été écrit pour François Civil et Ana Girardot. Le duo fonctionne à merveille même s’ils ne sont jamais présents ensemble à l’écran, – ce qui constitue évidemment la grande originalité du scénario -. Et comme je le disais plus haut, les seconds rôles sont admirablement tenus par un casting de choix avec Eye Aïdara, François Berléand, Camille Cottin, Simon Abkarian, Paul Hamy, Zinedine Soualem et surtout Pierre Niney, qui en une  seule scène fait exploser la salle de rire… un bonheur ! Tout ça a un charme fou grâce à Klapisch qui invente l’anti comédie romantique.

Une réponse à “Deux moi

  1. Charme, drôlerie avec une juste dose d’émotion et des acteurs parfaits
    Un très bon film avec des trouvailles de mise en scène

Laisser un commentaire