Il n’y a rien de plus difficile à consoler qu’un paysage désolé.
Un peu d’humour avec Pierre Dac pour débuter une chronique qui risque fort d’en manquer cruellement. Certains vont penser qu’il radote un peu le Jipéhel ou, qu’à tout le moins, il a ses marottes. Mais nous voilà à quelque jours d’un scrutin que d’aucuns pourraient penser secondaire, voire sans importance, alors qu’il est crucial.
Osons regarder le monde en face. La brusque irruption du Covid n’était pas, comme beaucoup ont la faiblesse de le penser, une simple parenthèse, mais bien au contraire une date repère – ne dit-on pas désormais « avant ou après le Covid », comme on disait « avant ou après Jésus-Christ ». Osons regarder le monde en face. c’est bien le début d’une période nouvelle : celle où les impérialismes – d’où qu’ils viennent -, mis en sommeil durant le XXème siècle, et en voie de reconstitution depuis, ont brusquement jeté le masque. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, se sont enchaînées la défaite du nazisme, la chute du « rideau de fer » entre l’URSS et l’Europe occidentale, la guerre froide, puis l’émergence des USA comme puissance dominante. A cette période de grande tension succéda, jusqu’en 1989, la coexistence pacifique – c’est ainsi qu’on nommait l’équilibre de la terreur entre les deux « grands » -. En 89, victoire de l’Occident avec la chute du Mur de Berlin. On a alors cru que l’Histoire s’était arrêtée sur le triomphe du capitalisme et de la démocratie libérale. L’illusion dura jusqu’au 11 septembre 2001, date à laquelle commença la période du multilatéralisme. Alors, les cultures nationales s’éveillèrent.
En 20 ans, les Etats-Unis sont retombés de statut de superpuissance à celui de 1ère puissance en voie d’être rattrapée par la Chine. L’opposition, désormais caricaturale, entre capitalisme et socialisme, se dissout au profit d’ensembles régionaux qui tentent de ressusciter les grands empires du passé. La Russie de Poutine qui se rêve prendre la suite des Tsars, la Turquie du mégalomaniaque Erdogan, nostalgique de l’Empire Ottoman, des mouvements islamistes fondamentalistes qui tentent de faire revivre le Califat médiéval et surtout Xi Jinping, héritier décomplexé des dynasties impériales révolues. Et ces quatre grands impérialismes ont un point commun : la haine de l’Occident et de ses valeurs de libertés. Certes, durant un millénaire, les blancs d’occident, sans scrupules, les ont dominés, humiliés voire détruits. Nous assistons aujourd’hui aux prémices d’une colossale lutte des Titans avec pour cible unique : l’homme blanc occidental. Le fait est qu’on voit peu d’avenir à la démocratie et qu’on a rarement autant parlé des Droits de l’Homme pour les pratiquer aussi peu. Tous ces néo-dictateurs ne se gênent plus pour clamer haut et fort que la démocratie ne convient pas à leur pays et qu’elle est ravalée au rang de particularité régionale. Pire encore. La « capitale » de la démocratie libérale, les USA, est elle-même menacée par la réélection à sa tête d’un paranoïaque opportuniste, grande gueule et petit bras, symbole achevé de l’incohérence de l’Occident.
Quant à nous, en Europe, nous élevons dans notre sein, les rejetons hideux de tous ces autocrates qui ne rêvent que d’une chose, nous imposer tout ce contre quoi nos anciens ont lutté – souvent au prix de leurs vies -, durant des décennies. Quelle dérision, quel aveu d’impuissance et quel aveuglement d’une grande partie des français qui se refusent à reconnaître que l’Europe reste notre seule planche de salut face à ces nouveaux impérialismes, devant lesquels bayent d’admiration nos partis extrêmes aveuglés par leur désir irrépressible de pouvoir ! A ceux-là, je dirais d’arrêter de nous tromper sur ce scrutin du 9 mai et de nous faire oublier sa portée continentale – voire mondiale -, pour tenter de la transformer en vote franco-français, en une sorte de référendum pour ou contre Toutenmacron, comme si, son parti, battu aux européennes, – ce qui ne manquera pas de se produire -, laisserait le pouvoir à qui veut le prendre, que dis-je, à se jeter dessus comme la vérole sur le bas-clergé. Messieurs et Mesdames, ayez un peu de hauteur de vue et défendez votre pays et votre Europe, dernier bastion de la lutte contre tous les totalitarismes qui nous guettent. Regardez de plus près les listes en présence ; il reste bien des démocrates aux idéaux plus élevés que l’ambition personnelle qui se présentent à vos suffrages. Ne vous trompez pas de combat. Il en est encore temps.