Comme un lundi

Work in Japan

Le thème du « jour sans fin » a souvent été exploité au cinéma. Mais pour son 1er film, le japonais Ryo Takebayashi tente de renouveler le concept, d’abord en l’élargissant à une semaine et en faisant un pur huis clos dans le monde du travail. Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ? Une comédie à la fois loufoque, sociale et fielleuse. 83 minutes qui passent plus vite qu’un lundi. Une jolie surprise.

Pour mieux comprendre ce film, il faut dire qu’au Japon, il n’est pas mal vu de dormir au travail : au contraire, c’est perçu comme le signe qu’un salarié donne tellement de sa personne qu’il lui faut récupérer. Ces salarymen destinés à servir l’entreprise qui les paie en échange d’un sacrifice inestimable se comptent par millions au pays du Soleil-Levant, où la réussite professionnelle à tout prix, le dévouement sans limite sont des valeurs maîtresses. La cible principale de ce film reste le système hiérarchique pesant jusqu’au ridicule, qui règne dans le monde du travail nippon – ni mauvais -. Cette semaine sans fin ne se résume donc pas à un banal « métro, boulot, dodo » car on ne sort pas de ce bureau où s’installe une sorte de spirale infernale faite de monotonie et de répétition du quotidien rendant soudainement la vie sans issue. Et Il faudra beaucoup de solidarité, d’humour et de créativité à tous les personnages pour réussir à se sortir de cette boucle démentielle. Le message subliminal de ce film me fait penser à Gandhi qui disait Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.

Makita Sports, Wan Marui et leurs comparses portent cette réflexion sur  le sens du travail, la nécessité de vivre ses rêves et de se montrer solidaires. Une satire filmée comme une sitcom, avec un scénario assez astucieux pour tenir en haleine. Un 1er film ingénieux au montage virtuose pour une satire jubilatoire des mœurs et des frustrations de beaucoup de nos contemporains.

Laisser un commentaire