Trois jours à Quiberon

De l’ennui distingué

Emily Atef, dont je ne connais pas le cinéma, nous gratifie ici de 115 très longues minutes dont je ne parviens toujours pas à comprendre ni l’utilité ni le sens profond. 1981. Pour une interview exceptionnelle et inédite sur l’ensemble de sa carrière, Romy Schneider accepte de passer quelques jours avec le photographe Robert Lebeck et le journaliste Michael Jürgs, du magazine allemand « Stern » pendant sa cure à Quiberon. Cette rencontre va se révéler éprouvante pour la comédienne qui se livre sur ses souffrances de mère et d’actrice, mais trouve aussi dans sa relation affectueuse avec Lebeck une forme d’espoir et d’apaisement. Mini biopic d’une star cabossée par la vie superbement interprété et mis en image, mais qui dégage un ennui rédhibitoire.

En vérité, tout ce projet repose sur le talent et surtout la ressemblance troublante de Marie Baümer avec l’inoubliable Romy. On a choisi un épisode de la vie de la star pour construire un scénario dont le contenu tient sur un timbre poste… un petit format. Car il ne se passe pas grand-chose pendant près de deux heures. Alors on subit les sautes d’humeur de Madame Schneider, tantôt dépressive, tantôt joyeuse jusqu’à l’hystérie, tantôt bougonne, ou abattue, mais toujours entre deux verres, deux cigarettes et une prise de médicament. L’ensemble est d’une monotonie affligeante et les seuls événements notoires ont été inventés de toutes pièces, comme la visite de son amie – personnage créé pour la circonstance – ou la rencontre avec le personnage saugrenu joué par Denis Lavant. Les seuls témoignages authentiques sont inspirés des photos prises durant ces 3 jours par Robert Lebeck pour le magazine Stern. Ça fait un tantinet léger. Aussi le portrait de la femme qui traverse une crise existentielle, prise entre ses démons intérieurs et son envie de vivre, tombe-t-il très vite à plat. Saluons tout de même le somptueux noir et blanc et surtout l’interprétation… mais ça ne suffit pas.

Marie Bäumer est tout simplement magnifique et, je le répète, sa ressemblance avec Romy Schneider est plus que troublante. Les autres sont à la hauteur des rôles qui leur sont confiés, citons donc Birgit Minichmayr, Charby Hübner, Robert Gwisdek et Denis Lavant. Sarah Biasini, la propre fille de Romy Schneider, a fait savoir qu’elle appréciait peu le film pour lequel elle n’avait pas été consultée… elle n’est pas la seule. Malgré tout, ce drame a triomphé en Allemagne avec 7 Lola – le César germanique -. Peu de scénario, pas de point de vue, de l’ennui distingué à la louche… Romy méritait plus, Romy méritait mieux.  

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